• février 9, 2022
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Journées MSA à Biarritz La transition écologique pour renouveler les générations ?

Journées MSA à Biarritz  La transition écologique pour renouveler  les générations ?

Deux thèmes ont particulièrement retenu l’attention des participants lors des Journées Nationales de la MSA les 4 et 5 novembre à Biarritz : la transition écologique et le renouvellement des générations. Là encore, la MSA a rappelé, par la voix de son directeur général François-Emmanuel Blanc, « qu’elle n’est pas seulement un organisme de collecte des cotisations, mais qu’elle a toute légitimité à accompagner les agriculteurs dans le cadre des Projets alimentaires territoriaux. »

Marion Guillou, ancienne présidente de l’INRA, membre du Haut Conseil pour le Climat a précisé la définition de cette transition agroécologique, « c’est utiliser les fonctions de la nature pour produire mieux, en faisant appel aux ressources que sont la biodiversité et l’enrichissement des sols. » Elle a souligné qu’il est plus facile d’en parler aujourd’hui qu’il y a dix ans, époque où les tenants de l’ancien modèle se sentaient agressés par cette remise en cause. « Pour autant, on ne peut pas reprocher (aux anciennes générations) la spécialisation et l’intensification de l’agriculture, car c’était un impératif pour nourrir les gens. Aujourd’hui le cahier des charges est différent. » a-t-elle ajouté.
« Référents de la transition »
Face aux réalités de l’environnement et du changement climatique il y a nécessité de s’adapter et même d’accentuer les efforts. Pour Marion Guillou, « Il faut changer les programmes des lycées agricoles. Mais faut-il labourer ou pas ? Les deux sont proposés dans les livres » a-t-elle souligné avec humour, reconnaissant qu’il n’y a pas de réponse unique mais des solutions mieux adaptées à cette recherche de résilience.
Guillaume Lefort, président de l’association Agridemain, dont le but est de communiquer avec le grand public, a évoqué son expérience. Il se considère comme producteur de céréales mais aussi d’énergie et « capteur de carbone. » Il a effectué la transition écologique en s’engageant dans une agriculture de précision avec des outils innovants. « C’est l’agriculteur qui décide de prendre une autre voie » explique-t-il, « mais ça coûte cher, il faut avoir les reins solides pour innover. Il faut être accompagné, par les chambres, les instituts techniques, les start-up. » Tous reconnaissent qu’il y a un hiatus entre les exigences de l’opinion publique et le « temps long » de l’agriculture.
Là encore la MSA a un rôle à jouer pour accompagner ces changements. Laurence d’Aldéguier, présidente de la caisse Midi-Pyrénées-Sud, souligne « la charge mentale lourde que les agriculteurs doivent porter face à l’agribashing ». Elle préconise la mise en place de « référents de la transition » dans chaque caisse. En partenariat avec les autres organismes, ils présenteront les différentes portes d’entrée à cette transition, les aides existantes, un soutien pour les changements des conditions de travail et autres… Cette transition nécessitera l’apport de nouvelles compétences, en numérique, en écologie, dans le secteur des énergies nouvelles. « De quoi séduire des jeunes, souvent à la recherche d’un métier qui a du sens », conclut Marion Guillou.
Accueillir les NIMAs
Il y a urgence en effet à attirer des jeunes. En dix ans la France a perdu 10 % de ses agriculteurs. La moitié de ceux en activité partiront en retraite d’ici 2027. Deux tiers d’entre eux n’ont pas de repreneurs. Pour Bertrand Coly, du Conseil économique social et environnemental, « c’est un crève-cœur, quand on est le dernier maillon d’une chaîne, de voir son exploitation disparaître. »
Il faut une mobilisation pour accueillir ces jeunes « NIMAs », non issus du milieu agricole, et les diriger vers ces métiers qui restent attractifs. Or, depuis que la transmission familiale n’est plus majoritaire, « 60 % des nouveaux installés ne passent pas par le parcours aidé », regrette Isabelle Coué, président de la caisse Portes de Bretagne. Elle suggère la mise en place d’élus « référents installation/transmission » et d’un guichet unique pour présenter les aides disponibles.
Chacun s’accorde à reconnaître qu’avec cette population nouvelle il faudra tenir compte du temps de travail et de la pénibilité, mais aussi du revenu. Pour Pascal Cormery, président de la Caisse centrale de la MSA, « il faut une relation entre l’investissement et le revenu. Le coût de la reprise est souvent trop élevé pour créer de la valeur ajoutée. »