• mai 15, 2023
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Crise de la noix : Les producteurs contrôlent les magasins et rencontrent la Préfète

Crise de la noix : Les producteurs contrôlent les magasins et rencontrent la Préfète

Après six mois de crise aiguë avec mévente des noix, les producteurs sont passés à l’action le mercredi 3 mai à Cahors. La section noix de la Fdsea/ja a fait une descente surprise dans les magasins de la grande distribution puis a organisé une distribution de noix sur le marché de Cahors pendant qu’une délégation était reçue par la Préfète.

 

La colère monte chez les nuciculteurs qui sont confrontés à une crise économique sans précédent. La récolte 2022 subit une mévente dramatique avec des stocks conséquents que personne ne veut acheter et des prix en chute libre pour ceux qui trouvent preneur ! La faute à une surproduction mondiale couplée à une baisse de 30 % des ventes en magasin au niveau de toute l’Europe. Les conséquences sont graves pour les producteurs et toute le filière. Rappelons que notre département compte 3000 ha de noyers, un verger important qui nous situe à la troisième place Française derrière l’Isère et la Dordogne. De très nombreuses exploitations vivent grâce à ce fruit et sont aujourd’hui confrontées à de gros problèmes de stockage, de conservation des noix, et bien entendu de trésorerie défaillante. Les producteurs n’ont pas le moral, affectés par une crise psychologique qui touche particulièrement les jeunes ayant investi dans cette filière. Ils se retrouvent face à des problèmes de trésorerie insurmontables !

 

Contrôles en magasins

Les producteurs se sont rendus dans plusieurs grandes surfaces de Cahors, Leclerc, Intermarché, direction le rayon des fruits secs. Ils y ont trouvé sous plusieurs marques, qu’elles soient commerciales ou de distributeur, des cerneaux d’importation. Sur de beaux paquets affichant en gros des marques Françaises alléchantes, l’origine des cerneaux écrite en caractères minuscules mentionne « Moldavie, Roumanie, USA, Ukraine… ». La présidente de la section noix Fdsea, Lydie Leymarie, souligne « Les grands distributeurs comme Leclerc ou Intermarché, ne jouent pas le jeu de la noix Française ! Ils trompent les consommateurs sur l’origine des noix. Bien sur, ils ont toujours dans un coin de rayon de la noix produite localement, mais tous les cerneaux vendus en sachet sont importés et de piètre qualité ! Ils se réfugient derrière les fournisseurs qui leur proposent ces noix d’importation. C’est une démarche inacceptable et nous leur avons fait remarquer en remplissant des caddies que nous avons laissé à l’entrée… ». Les manifestants ont interpellé les directeurs de ces magasins qui sont venus s’expliquer, disant être tributaires de leurs fournisseurs, et promettant de faire remonter le mécontentement auprès d’eux. Quentin Rayjal, vice président des Jeunes Agriculteurs, dénonce également le fonctionnement du marché de la noix, le seul fruit cédé au groupement ou au metteur en marché sans connaissance du prix de vente. Un acompte minime leur est fourni à la livraison mais ce n’est que plusieurs mois plus tard, que les producteurs touchent le solde et découvrent donc le prix de vente complet final. Les metteurs en marché payent en fait le prix qui reste une fois déduits leurs frais de fonctionnement et leurs marges bénéficiaires. Les producteurs font donc office de variable d’ajustement et peu importent leurs coûts de production ou leurs charges d’exploitations. Un fonctionnement que les autres filières agricoles n’accepteraient plus.

 

Rencontre de la préfète

En fin de matinée, les producteurs se sont rendus sur le marché de Cahors où ils ont distribué des noix gratuitement aux passants en leur expliquant l’origine de la crise et en leur demandant de consommer davantage de noix locales. Un groupe de responsables a été reçu pendant près de deux heures par la Préfète du Lot entourée des agents de la DDT. Ils lui ont rappelé la gravité extrême de la situation et la nécessité de débloquer un fonds d’urgence pour venir en aide aux producteurs en difficulté. Ils réclament d’abord des mesures rapides comme l’allègement des charges fiscales, le report du paiement des cotisations sociales, des aides au stockage des noix. Ils demandent également de vraies mesures de relance des ventes, d’abord au niveau Français avec le soutien d’un grand programme de communication. Mais aussi la suppression des droits de douanes sur les exportations vers les pays du Maghreb, gros consommateurs de noix. Il faut savoir que les noix Chiliennes y sont exportées sans aucun droit de douane. Enfin, les nuciculteurs souhaitent davantage d’aides aux nouveaux équipements de production et de transformation pour pouvoir rester compétitifs et diversifier leurs débouchés, notamment en France. La préfète a promis de faire remonter ces revendications au Ministère de l’Agriculture. Les responsables syndicaux ont exigé une clause de revoyure pour vérifier les avancées réalisées.