• janvier 31, 2024
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Résultats économiques prévisionnels 2023 des exploitations : Viticulteurs et Nuciculteurs dans le rouge !

Résultats économiques prévisionnels 2023 des exploitations : Viticulteurs et Nuciculteurs dans le rouge !

La présentation des résultats s’est tenue en présence de la préfète du Lot

 

Le service économique du CerFrance a présenté les premières prévisions des résultats économiques 2023 des exploitations Lotoises. La météo très défavorable et le manque de demande des marchés viticoles et nucicoles plongent ces deux filières dans le rouge avec des résultats qui s’effondrent.

 

Le président du CerFrance Lot, Stéphane Lagarde, a accueilli les responsables des organisations agricoles et des administrations Lotoises en précisant que ces résultats, bien que provisoires, reflètent une vraie tendance qui mérite d’être analysée. Damien Ameline et Jacques Siavy, chargés d’études au CerFrance, ont d’abord rappelé la conjoncture de 2023 avec une météo capricieuse (trombes d’eau en mai, juin puis canicule et sécheresse en fin d’été), une envolée des prix des intrants et de l’énergie début 2023 mais une baisse des prix des productions végétales. Cela a généré pas mal d’instabilité sur les marchés et obligé les agriculteurs à jongler avec des prix hiératiques. Si les cours des produits animaux ont poursuivi leur hausse, les cultures végétales (céréales, oléagineux, vins) ont subi une baisse des prix sévère. Enfin, au niveau financier, la forte inflation couplée à des taux d’intérêts très élevés, a ralenti les investissements et freiné la croissance mondiale.

 

Bovins lait

La collecte Lotoise comme régionale a poursuivi son recul à cause de la baisse du cheptel. La décapitalisation continue entraînant une offre plus faible sur le maché, ce qui a généré une augmentation des prix de vente. Mais les charges (aliments, structures…) ont également nettement augmenté sur les fermes. Au final, les exploitations laitières voient donc leurs EBE (Excédent Brut d’Exploitation) se maintenir et consolident leurs résultats. Seule la filière du lait bio accuse le coup avec des prix se rapprochant du lait conventionnel et des déconversions à la clé !

 

Bovins viande

Là encore, la décapitalisation se poursuit avec une baisse du cheptel et des abattages. Cela a diminué la disponibilité des broutards et provoqué un recul des exportations. La consommation se maintenant, ce déséquilibre entre offre et demande a soutenu les cours qui augmentent aussi bien en broutards qu’en vaches de réforme. Les charges d’exploitation (aliments et charges de structure) continuent aussi de progresser à un rythme légèrement supérieur, et les EBE sont donc en légère baisse. Des résultats moyens qui se consolident donc par rapport à 2022.

 

Ovins viande

Le marché est resté très tendu avec des prix de l’agneau en hausse car la baisse des abattages et les importations en hausse du Royaume Uni n’ont pas suffi à satisfaire la demande. C’est pourquoi les cours sont restés très élevés. Parallèlement, les charges d’exploitation ont là aussi augmenté. Au final, les EBE sont là encore maintenus consolidant les résultats des élevages ovins. Mais il faut rappeler que les aides constituent plus de la moitié du produit. Le nombre de brebis par UTH (Unité de Travail Homme) continue par ailleurs de se tasser.

 

Palmipèdes gras

Après une année 2022 sinistrée par l’épidémie d’influenza aviaire, la production 2023 a retrouvé un bon état sanitaire. Les volumes de production ont réaugmenté et les marchés ont suivi avec des prix intéressants. Les exploitations ont donc obtenu des EBE normales comparables aux résultats d’avant crise. Les chiffres du CerFrance montrent que le dispositif d’indemnisation mis en place par l’État a été particulièrement efficace, ce qui est positif. En fait, seuls les élevages de la zone indemne au sud du Lot, ont été moins soutenus et ont enregistré des difficultés financières.

 

Viticulture

Les chiffres montrent l’effondrement des rendements de la récolte 2023 à cause des gros problèmes sanitaires (mildiou…). De plus, la surproduction mondiale de vin par rapport à la demande en berne, a provoqué une baisse des prix de vente du vrac. La filière fait donc face à une crise vraiment aiguë qui se traduit par une chute vertigineuse de l’EBE qui atteint un niveau historiquement bas. Ainsi, après les gelées répétées des dernières années, les stocks sont au plus bas et de nombreux viticulteurs sont au bord du gouffre !

 

Noix

La crise s’est manifestée dès la récolte 2022 avec la mévente des noix et l’effondrement des prix qui ont baissé de 50 %. Certains nuciculteurs n’ont même pas pu vendre leurs noix et les ont perdues ! Malheureusement, la récolte 2023 s’est avérée très faible et de qualité parfois mauvaise, ce qui provoque une aggravation de la situation. La profession note que le système d’aide mis en place par les pouvoirs publics était mal calibré et que de nombreux producteurs n’ont pas pu y avoir droit.

 

Grandes cultures

Sur notre région, les céréales ont bénéficié de rendements corrects et les cultures d’été de bons rendements. Mais le marché mondial est redevenu excédentaire avec de gros stocks, engendrant une baisse continue des cours sur les marchés. Les prix tirés vers le bas retrouvent donc leur niveau de 2020 avant les crises de la Covid et de l’Ukraine. Comme la plupart des producteurs ont acheté leurs intrants début 2023 aux prix les plus élevés, et qu’ils vendent leurs grains à ces prix bas, les marges ont fondu. Ainsi, les chiffres montrent une nette baisse de l’EBE pour les grandes cultures.

 

Focus sur le Bio

Le CerFrance s’est penché sur la filière bio qui a vécu une décennie flamboyante avant un retournement de situation en 2022. Aujourd’hui, la consommation baisse sévèrement dans tous les secteurs. L’offre apparaît donc surdimensionnée et les prix en pâtissent en chutant. En céréales comme en lait, certains lots bio se vendent quasiment au prix du conventionnel. Certains agriculteurs commencent donc à se déconvertir et la profession craint que ce mouvement s’accélère.

 

Contexte incertain

En conclusion de cette présentation, l’assemblée convenait que la conjoncture est plus incertaine que jamais tant sur le plan géopolitique que climatique ou sanitaire. Damien Ameline soulignait cependant que cette situation avait déjà été vécue dans le passé, et que les entreprises s’y étaient adaptées. Comment ? En pilotant au plus près de la réalité et avec un maximum d’anticipation. Le CerFrance conseille donc de ne pas rester isolé mais au contraire de consulter les conseillers et de suivre les indicateurs au plus près. Plusieurs intervenants de diverses organisations agricoles soulignaient que le principal problème est l’adaptation au changement climatique qui exigera énormément d’innovation et de capacité d’évolution des pratiques agricoles actuelles. Elle ne pourra pas se faire sans la rémunération des services écosystémiques rendus par l’agriculture.