• mars 4, 2024
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Congrès de la FNB : Lever les incohérences sur l’élevage

Congrès de la FNB : Lever les incohérences sur l’élevage

Les éleveurs lotois au congrès.

 

A l’occasion de son congrès à Vichy (Allier), la Fédération nationale bovine (FNB) organisait le 8 février, une table-ronde sur le thème « La cohérence des orientations européennes et nationales : un enjeu politique majeur ».  

 

La colère des manifestations agricoles des dernières semaines n’a pas semblé s’éteindre au cours du congrès de la FNB. Si bien qu’au cours de la table-ronde qui réunissait les congressistes la dernière matinée, deux ou trois cris du cœur ont permis de faire passer le message. Au cœur du problème, les nombreuses injonctions contradictoires et les incohérences d’un système que certains jugent « à bout de souffle ». Ils ont été nombreux à exprimer leur exaspération : « Une norme supplémentaire, c’est une taxe en plus et du revenu en moins » ; « Quand on sort le tracteur pour curer les fossés, on est pris pour des criminels » ; « Avec le Green Deal, on perd 15 % de production et dans le même temps, on vient nous parler de souveraineté alimentaire » … Antoine Pellion, secrétaire général à la planification écologique (SGPE*) n’a pu faire qu’amende honorable et convenir que ces incohérences existent. « Il serait difficile de dire l’inverse », a-t-il concédé. Tous les intervenants s’accordent à vouloir conserver l’élevage, notamment bovin en France et en Europe. « Pour moi, il n’y a pas de débat entre prairies et élevage », a souligné Antoine Pellion quand Aurélie Catallo, directrice de l’agriculture à l’IDDRI**, a ouvertement milité pour « prendre en compte toutes les externalités positives des prairies ». Tous ont aussi remarqué que l’agriculture, dont l’élevage, doivent s’inscrire dans une démarche de transition agroécologique et donc de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Il est possible, à volume de cheptel constant de réduire ces GES de 30 % à un horizon 2040-2050, a estimé, Grégoire Leroy, chargé des ressources zoogénétiques à la FAO***. « A condition que nos efforts soient inclus dans le coût de production et donc nos revenus », ont en substance plaidé les congressistes invités à réagir.

 

Changer de paradigme 

Or la décapitalisation en France (-1 million de bovins en sept ans) entame sérieusement le potentiel de production. A cela s’ajoute une « écologie punitive » dénoncée par Dominique Fayel, éleveur dans l’Aveyron et président de la section bovine du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (COPA) ainsi que le mauvais exemple de l’Etat et des collectivités locales qui ne respectent pas les lois Egalim. Au 1er janvier 2022, tous les restaurants collectifs devaient servir au moins 50 % de « produits durables et de qualité », dont au moins 20 % de produits bio. On en est loin. Il faut aussi compter que 16 % de la viande consommée en France provient de pays tiers (hors UE). Dominique Fayel demande à ce que chacun, (surtout les politiques) ait conscience des réalités. « L’une des erreurs fondamentales du Green Deal est d’avoir occulté ou tronqué la réalité ». Pour lui, les dividendes de la paix et la stabilité de nos systèmes (économiques, sociaux…) n’existent plus. « L’Europe a été naïve » de prendre ce postulat comme définitif. C’est pourquoi, elle doit changer de paradigme et « revoir ses stratégies, redéfinir ses objectifs en matière de défense, d’industrie, d’agriculture», a défendu l’éleveur aveyronnais. Pour redresser la barre et attirer de jeunes éleveurs, « il faudrait un pacte agricole européen comme on a eu un pacte vert (Green Deal). Il faudrait aussi un choc de simplification de la PAC », a plaidé la député européenne Anne Sander. Quant à la réciprocité des normes, « prenons exemple sur ce qui se fait dans d’autres domaines, comme la voiture. Qu’elles soient chinoises, américaines, japonaises, italiennes ou françaises, toutes les voitures doivent répondre aux mêmes normes européennes. Appliquons les mêmes règles pour l’agriculture et l’alimentation », a suggéré l’administrateur du COPA. Simplement une question de bon sens !

(*) Le SGPE est directement placé sous l’autorité du Premier ministre. 

(**) Institut du développement durable et des relations internationales 

(***) Food and agriculture organization. Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.