• juillet 24, 2024
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Cahors : Jérôme Despey au chevet des vignerons Lotois

Cahors : Jérôme Despey au chevet des vignerons Lotois

La rencontre de travail avait lieu à la Chambre d’agriculture à Cahors

 

Jérôme Despey, vice-président de la Fnsea, est venu rencontrer les responsables viticoles Lotois le 12 juillet, à l’initiative de la FDSEA du Lot, pour échanger sur les conséquences de la crise viticole et les moyens d’y remédier. Il a en charge les questions viticoles au niveau national. 

 

Il a été reçu par le président de la Chambre d’agriculture, Christophe Canal, puis a tenu une réunion de travail avec les responsables viticoles Lotois, Nicolas Fournié (président du syndicat du vin de Cahors), Sébastien Sigaud (président de l’interprofession du vin de cahors), David Girard (président du syndicat des vins IGP des Côtes du Lot), Lucien Dimani (Fdsea section viticole) et Vincent Quercy (Vin de Glanes)… Au centre des débats, la crise viticole aigüe que traverse notre vignoble avec l’inopérante assurance récolte, la récurrence des sinistres climatiques et des vignerons sans trésorerie qui abandonnent certaines parcelles de vigne ! Les responsables viticoles ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation très critique des vignerons Lotois qui ont subi 6 sinistres en 8 ans et sont pour beaucoup au bord du gouffre. Ils ont attiré l’attention de Jérôme Despey sur la spécificité de notre vignoble qui est de loin le plus impacté par ces crises.

 

Mission d’enquête 

Après être montés au Ministère en début d’année, ils ont obtenu de la part de Marc Fesneau la création d’une mission d’enquête pour venir auditer en direct les vignerons et mieux comprendre la situation. Le Ministre a désigné comme enquêtrice Marie Lise Molinié qui arrive fin juillet sur Cahors pour trois jours d’audition des viticulteurs. Son rapport est très attendu par la filière et par Jérôme Despey. Ils espèrent qu’il ne finira pas au fond d’un placard. Celui-ci s’inquiète néanmoins de la situation politique actuelle du pays avec la difficulté de trouver un gouvernement et le retard pris sur de nombreux dossiers agricoles. Cette rencontre de travail a permis d’aborder les principaux sujets de préoccupation du secteur. D’abord l’assurance récolte totalement inopérante à cause du calcul de la moyenne olympique des rendements sur les cinq dernières années, ce qui disqualifie un vignoble comme le notre qui a enchaîné les mauvaises récoltes. Jérôme Despey soulignait que ce calcul répond aux exigences des règles internationales de l’OMC, et qu’il est donc très compliqué de le changer. Il travaille quand même à l’adapter au niveau national et Européen pour éviter cette dérive mais la complexité juridique est très lourde. Les responsables viticoles insistaient sur la nécessité de sécuriser les vignes par l’investissement dans des systèmes antigel, comme l’aspersion ou les éoliennes, mais cela coûte très cher. Qui va subventionner ces équipements ? Cela n’est pas prévu dans l’OCM (organisation Commune de Marché) vitivinicole soulignait Jérôme Despey. Il faudra donc trouver un budget ailleurs. La Fnsea plaide pour sa part en faveur d’un grand « plan Méditerranéen » qui aiderait notre vignoble à s’adapter au changement climatique, mais ce projet reste en suspens.

 

Les responsables viticoles ont abordé tous les sujets avec Jérôme Despey

 

Plan arrachage 

Face à la baisse du marché des vins rouges, le syndicalisme souhaite un plan d’arrachage capable d’assainir l’offre. Il négocie avec le Ministère et la commission Européenne un plan à double étage, arrachage temporaire (4ans) et arrachage définitif. Il a évalué le besoin national à 50 000 ha le Ministère envisageant des aides de l’ordre de 2500 €/ha pour le temporaire et 4000 €/ha pour le définitif. Les responsables Lotois ont précisé que sur Cahors, les vignerons envisagent surtout une réduction de leurs surfaces, mais cela pourrait dépasser le millier d’hectares ! Il était précisé que seules les parcelles ayant une déclaration de récolte en 2023 ou 2024 seraient éligibles à la prime d’arrachage. Ce dispositif ne règlera malheureusement pas le problème des vignes abandonnées. Le syndicat du vin de Cahors a réalisé une cartographie très précise de ces parcelles abandonnées qui commencent à être importantes. Il a peur que ce programme d’arrachage soit trop compliqué à mettre en place entre les exploitants et les propriétaires. Jérôme Despey soutient également le maintien du plan de restructuration qu’il juge indispensable pour accompagner la conversion vers de nouveaux cépages mieux adaptés au marché et au changement climatique. Les vignerons Lotois en ont aussi besoin pour maintenir espoir et vision vers l’avenir. La Fnsea est un peu plus optimiste et pense pouvoir le conserver. Enfin, Jérôme Despey précisait que le fond d’urgence national de 80 millions d’euros n’était toujours pas bouclé. La profession l’attend avec impatience pour soulager les trésoreries des vignerons sinistrés.