• novembre 13, 2024
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Crise viticole : Les organisations viticoles préparent la restructuration

Crise viticole : Les organisations viticoles préparent la restructuration

Les conseils d’administration des trois organisations (syndicat du vin de cahors, syndicat des vins IGP, Union interprofessionnelle du vin de Cahors) se sont réunis exceptionnellement ensemble à Anglars-Juillac pour faire un bilan des vendanges et désigner un manager de transition.  

 

Rendements catastrophiques 

Les trois présidents, Nicolas Fournier, David Girard et Sébastien Sigaud, déplorent une vendange 2024 particulièrement sinistrée. Nicolas Fournier estime « les rendements en vallée sont historiquement bas avec des parcelles gelées en dessous des 10 hl/ ha. Certaines n’ont même pas été récoltées tant le raisin manquait ! Sur les plateaux, les résultats sont un peu meilleurs avec des rendements en moyenne de l’ordre de 25 hl/ha, mais avec beaucoup de variations selon les expositions. On constate que l’altitude a été déterminante pour éviter le gel. La prévision globale de l’appellation Cahors est catastrophique avec une estimation autour de 40 000 hl de vin de Cahors, le quart d’une année normale…». Au niveau des vins des Côtes du Lot sous IGP, la situation n’est guère meilleure comme le précise David Girard « nous estimons rentrer cette année 12000 à 15000 hl de vin contre 60 à 70000 hl en année normale. Nous avons donc perdu les trois quarts de la récolte à cause du terrible gel d’avril puis du millerandage !

 

Restructuration 

Les trois organisations avaient été reçues en début d’année au Ministère de l’agriculture pour expliquer la situation catastrophique du vignoble Lotois et demander l’appui d’un médiateur. Le Ministre avait mandaté un audit CGAER qui a eu lieu en juillet avec la venue de Mme Molinié. Elle a passé plusieurs jours sur le vignoble Lotois, rencontré l’ensemble des structures et plusieurs producteurs pour rendre un diagnostic précis. Constatant la détresse de nombreux vignerons et l’abandon de beaucoup de vignes, elle soutient le plan d’arrachage lancé par le Ministère, et préconise également un repositionnement de l’organisation administrative du vignoble comme le souligne Sébastien Sigaud « nos organisations viticoles ont décidé de se regrouper au sein d’une interprofession unique qui a été validée par les instances régionales et entrera en action le premier janvier 2025. Le négoce viticole a accepté cette évolution, conscient de l’urgence de la situation au vu de la baisse drastique des volumes de ventes. Pour mener à bien cette restructuration tant technique qu’administrative, financière et politique, il nous fallait un manager de transition. Nous avons choisi de confier cette tache au directeur de la Chambre d’agriculture, Laurent Magot, qui en a les compétences. En effet, la Chambre d’agriculture va devoir gérer en complément la déprise viticole et proposer des pistes de diversification pour les vignerons, en les accompagnant sur le plan technique. Pour financer cette transition, nous allons monter un dossier de demande d’AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt de la Région) afin de mobiliser des fonds destinés à financer les expérimentations de production, la communication et la mise à disposition du manager. Les collectivités territoriales, Région, Département, Communautés de communes de la Vallée du Lot, Grand Cahors et Quercy Blanc, sont sollicitées pour nous aider. Elles en ont compris l’intérêt car il en va de l’aménagement du territoire et de la survie de notre vignoble emblématique de notre département… »

 

Plan d’arrachage insuffisant 

Lancé mi octobre, le programme d’arrachage piloté par FranceAgrimer est ouvert jusqu’au 13 novembre 2024. Les trois présidents, Nicolas Fournier, David Girard et Sébastien Sigaud, soulignent cependant leurs réserves « ce plan d’arrachage était indispensable mais il est nettement insuffisant. Avec 30000 ha pour toute la France, et peut être une rallonge à 37000 ha, il sera bien inférieur aux besoins de la viticulture Française. Priorité est donnée à l’arrachage complet et définitif des vignobles, avec une prime de 4000 €/ha, mais cela exige l’accord des propriétaires, ce qui n’est pas gagné d’avance. La demande d’arrachage risque d’être bien supérieure à l’enveloppe allouée, générant la mise en place d’un stabilisateur qui limitera les surfaces par producteur. Finalement, faute de financement, on risque d’avoir un abandon des vignes en l’état et des friches un peu partout dans le paysage… ». Plus de quatre-vingt vignerons étaient d’ailleurs réunis à Anglars-Juillac le 17 octobre pour écouter le représentant de FranceAgriMer présenter ce plan. Mais ce dernier manque encore d’un pan important pour le vignoble Lotois, les modalités de l’arrachage partiel qui sont attendues pour la fin de l’année, si l’Europe consent à prendre en compte la demande Française. En effet, beaucoup de viticulteurs Lotois souhaiteraient restructurer leurs vignobles en arrachant les vignes trop gélives ou improductives pour replanter sur des parcelles d’avenir.