• décembre 5, 2024
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Le statut du loup régresse d’un cran

Le statut du loup régresse d’un cran

Réuni à Strasbourg le 3 décembre, le Comité permanent de la Convention de Berne a décidé d’assouplir le statut du loup en le faisant passer d’espèce « strictement protégée » à « espèce protégée ». Une bonne nouvelle saluée par les agriculteurs, mais fustigée par les associations de protection de la nature.

Le déclassement que les agriculteurs et les éleveurs français réclamaient depuis déjà des années a été acté par la Convention de Berne le 3 décembre. Ce n’est pas une grande surprise dans la mesure où une vaste majorité d’Etats membres de l’Union européenne avait approuvé cette révision fin septembre. A cette époque, l’Allemagne avait fait pencher la balance, surtout après le fâcheux épisode qui avait vu Dolly, le poney de la présidente de la Commission européenne se faire dévorer… par un loup en septembre 2022. Le 3 décembre, l’Union européenne a donc voté comme un seul homme et pu obtenir la majorité qualifiée requise (34 voix sur 50) pour abaisser le statut du loup de « strictement protégé » à « espèce protégée ». Seuls cinq pays s’y sont opposé : l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, Monaco, le Monténégro et le Royaume-Uni. C’est encore moins une surprise que le processus avait été enclenché il y a deux ans, fin 2022, après l’adoption d’une résolution du Parlement européen sur le sujet. « La concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l’homme », avait déclaré en septembre 2023 Ursula von der Leyen. Selon les statistiques européennes*, le nombre de loups vivant en Europe continentale se compte au moins 18 000 (20 300 selon d’autres sources). Son nombre a quasiment doublé en dix ans. En France, environ 1100 individus sillonnent le territoire. Le loup est implanté dans plus de 50 départements métropolitains.

Etat de conservation

Selon les organisations environnementales, cette décision « permettra de généraliser la possibilité de tirer et de tuer le loup, selon des règles qui devront être déterminées nationalement », a indiqué à nos confrères de l’AFP, Yann Laurans, directeur des programmes WWF-France. Autrement dit, « on ne pourra pas se mettre à chasser le loup sans aucun cadre » légal ou réglementaire, a-t-il précisé. Pour ces ONG, la décision de la Convention ne repose sur aucune base scientifique alors que l’Union européenne assure de son côté, « se fonder sur une analyse approfondie du statut » du carnivore sur son territoire. Bruxelles met aussi en avant les « difficultés de coexistence avec les activités humaines, notamment en raison des dommages causés au bétail, qui ont atteint des niveaux importants ». Quoi qu’il en soit, c’est le soulagement côté organisations agricoles : « La décision de la convention de Berne est plutôt favorable et va dans le sens d’une meilleure régulation de l’espèce, mais ce n’est qu’une première étape. Il faudra ensuite que ça avance aux niveau européen et français. », a réagi dans les colonnes du Monde, Claude Font, chargé de la prédation à la Fédération nationale ovine (FNO). Cette décision ne devrait rien changer de fondamental dans les semaines à venir. Même si les ONG dénoncent de manière préventive « la généralisation des tirs » et le flou qui entoure « la notion d’état de conservation favorable », il faudra encore quelques mois avant qu’un arrêté vienne autoriser d’éventuels tirs à vue. Rappelons qu’en France, le taux de prélèvement a été fixé à 19 % soit 209 loups pour l’année 2024. Selon l’association écologiste Ferus, on comptait 164 loups abattus au 30 septembre dernier. Le seuil de viabilité de l’espèce est estimée à 500 individus. En France, il apparaît largement atteint.

(*) www.wolf-center.eu

Actuagri Soulard Christophe

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