• août 28, 2025
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La PAC accélère la disparition des micro-exploitations

La PAC accélère la disparition des micro-exploitations

Depuis 2020, un des moteurs de l’agrandissement des exploitations agricoles est la reprise des terres détenues par des agriculteurs de plus de 67 ans à la tête de micro-exploitations qui ne bénéficient plus d’aides PAC.

 

« Les exploitants âgés de 67 ans ou plus, qui représentaient 11 % des exploitants agricoles en 2020, n’en représentent plus que 8 % en 2023, alors que cette part avait augmenté entre 2010 et 2020 », souligne une étude d’Agreste du ministère de l’Agriculture. En fait, ne plus pouvoir cumuler droits à la retraite et aides PAC motive de moins en moins d’agriculteurs retraités à poursuivre une activité agricole à temps partiel. Or depuis la nouvelle PAC, les exploitants de plus de 67 ans ne justifiant plus une activité agricole minimale au sens des seuils définis par la MSA, ne sont plus assimilables à des « agriculteurs actifs ». Aussi, ne bénéficiant plus de soutiens publics, ces exploitants âgés sont de plus en plus nombreux à se retirer complètement de la profession. Aussi, le nombre de micro-exploitations (-25 000 € de chiffre d’affaires annuel) a diminué de 9,4 % par an entre 2020 et 2023. Cette dernière année, on dénombrait encore 76 200 micro-exploitations réalisant un chiffre d’affaires annuel inférieur à 25 000 € en France métropolitaine, soit 22 % de l’ensemble des exploitations françaises. En 2020, elles étaient encore plus de cent mille et représentaient 29 % de la totalité des exploitations.

Disparition de milliers d’exploitations

En fait, les micro-exploitations sont scindées en deux catégories, selon la superficie qu’elles exploitent. On distingue celles de moins de 5 ha, pour la plupart affranchies des aides PAC, et dont le nombre est globalement stable, et les exploitations de 5-25 ha dont les effectifs diminuent de près de 2,8 % par an en moyenne. Mais ces dernières sont en partie gérées par des agriculteurs retraités, amenés à céder quelques hectares ou la totalité de leurs terres, pour basculer dans le groupe des micro-exploitants ou pour cesser toute activité. Dans cette catégorie d’exploitations de 5 à 25 ha, les terres alors disponibles sont reprises par des fermes plus importantes. Et en s’agrandissant, de nombreuses exploitations passent chaque année dans une catégorie supérieure – par exemple les 25-75 ha vers celle des 75 ha-125 ha – quand une minorité d’entre elles fusionnent ou voient leurs terres reprises. Autrement dit, ces transferts n’empêchent pas la disparition de plusieurs milliers d’exploitations de moins de 125 ha chaque année. Hors micro-exploitations, leur nombre diminue d’1,7 % par an depuis 2020 comme durant la période 2010-2020. Seules les entreprises de plus de 200 ha sont plus nombreuses: + 780 ou + 2,8 % par an. L’étude d’Agreste portant sur le recensement des exploitations entre 2020 et 2023 permet de tirer d’autres enseignements. Les micro-exploitations représentent une part non négligeable des élevages d’ovins, de caprins et d’équins (40 %). A l’échelle nationale, toutes tailles confondues, leur nombre se maintient mais la dimension des troupeaux diminue.

Salariat agricole 

En excluant les micro-exploitations, l’étude d’Agreste dénombre 273 400 exploitations professionnelles en 2023, soit 4,9 % de moins qu’en 2020 avec à leur têtes des chefs d’entreprises de 49 ans en moyenne. Mais un quart de ces exploitations sont gérées par des agriculteurs de moins de 40 ans et 19,5 % par des plus de 60 ans de plus en plus nombreux à achever leur carrière à 67 ans ! Ces mêmes exploitations agricoles professionnelles occupent 609 000 actifs composés pour quart de salariés (24 % de la quantité de travail fournie en 2023 contre 19 % en 2010). En complément, les travaux externalisés représentent l’équivalent de 35 000 emplois à temps plein contre 22 500 en 2020 ! Ce secteur est en pleine expansion.  La SAU moyenne des 273 400 exploitations est de 93 ha. La moitié d’entre elles sont spécialisées en productions végétales. Et  les 37,5 % d’entreprises orientées vers l’élevage détiennent en moyenne un troupeau de 155 UGB (+ 4 UGB en quatre ans).

Actuagri

 

©Photo : iStock ahavelaar