- octobre 6, 2023
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SPACE 2023 : Des éleveurs « exemplaires » mais inquiets
Le 37e Salon international de l’élevage inauguré le 12 septembre à Rennes cristallise de nombreuses inquiétudes que le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, n’est pas parvenu à dissiper.
A déambuler dans les allées du Parc des expositions de Rennes et constater le nombre de visiteurs et celui des exposants, tout un chacun est en mesure de constater que la France possède un secteur de l’élevage dynamique. Marc Fesneau lui-même a insisté sur le fait que si de nombreux visiteurs étrangers viennent à Rennes, c’est le signe que les agriculteurs français savent bien produire et qu’ils sont, en ce sens, des « modèles » et que « notre élevage est exemplaire ». Cependant, le moral des éleveurs reste sur un entre-deux. Certes l’année a été globalement bonne, sous l’effet des lois Egalim qui ont pu maintenir les prix. « Ce n’était qu’un juste rattrapage (…) Il a fait du bien au moral et au revenu (…) Mais si on prend les dix dernières années, et les hausses de charges depuis quatre ans, on est encore loin du compte », a laissé entendre le président du Space, Marcel Denieul. Surtout l’élevage semble concentrer une longue série d’obstacles : bien-être animal, accords de libre-échange, distorsions de concurrence au sein même de l’UE, épizootie (grippe aviaire, FCO…), prédation, recours juridiques intempestifs, agribashing, etc. « Il y aussi les importations sur la volaille : le cocktail est explosif », a lancé le président du Salon.
« Naïveté confondante »
Marc Fesneau a tenté de rassurer son auditoire en déclarant que « nous avons besoin d’élevage ». Il a pointé les avancées de ses services sur des dossiers européens comme le bien-être animal et la directive « émissions industrielles » (IED). « Les seuils ont remonté, ce qui nous a permis de franchir une première étape », a -t-il indiqué concernant cette directive. Sur le BEA, il a insisté sur la nécessité de reconnaître les avancées des éleveurs ce qui n’est pas le cas « ni au sein de l’opinion publique, ni à Bruxelles et pas sur le plan financier ». Le ministre de l’Agriculture semble cependant plus volontaire sur le dossier des négociations commerciales, affichant clairement sa conviction « de ne pas voir revenir les vieux démons » de la déflation. Dénonçant en creux « l’attitude non-patriotique » de certains grands distributeurs, il les enjoint de « ne pas s’exonérer de rémunérer la matière première agricole. Si on ne la rémunère pas, alors il n’y aura plus d’agriculture ». Encore faut-il que tous jouent la même partition. Sur les futurs accords de libre-échange (Mercosur, Australie, etc.), Marc Fesneau n’a pas fait preuve d’un optimisme débordant. «Le Mercosur est bloqué sur le volet agricole et grâce à lui. Mais on n’a pas des tonnes d’alliés », a-t-il concédé. Les éleveurs doivent surtout subir les agressions répétées « de minorités bloquantes qui dénigrent la profession », a fustigé le ministre.« Ces gens servent la baisse de notre souveraineté avec une naïveté confondante. J’espère, j’image que c’est malgré eux .Mais je sais que par les mots, ils préparent les actes », a-t-il ajouté. Si ces mots ont mis un peu de baume au cœur, beaucoup d’éleveurs restent cependant sur leur faim. « Les politiques peinent à prendre les décisions ou pire à appliquer ce qu’ils ont décidé », analysait un agriculteur.