- septembre 11, 2024
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Transition agricole : Le Crédit Agricole s’empare du sujet
Le Crédit Agricole Nord Midi Pyrénées a décidé de s’impliquer très concrètement dans la transition vers une agriculture adaptée au changement climatique. Depuis début 2024, Laurence Saurel et Romain Tauriac ont rejoint le service agricole pour mettre en place des actions en faveur de cette transition, décarbonation de l’activité agricole, adaptation des exploitations au changement climatique, maintien des actifs pour assurer notre souveraineté alimentaire…
La caisse a noué un partenariat avec la Chambre d’agriculture du Lot afin de travailler ce sujet. Elle vous propose une série d’articles sur notre journal et notre application smartphone pour mettre en lumière des réalisations déjà éprouvées. Voici le deuxième article de cette série consacré à la replantation de haies.
L’arbre et la haie au service de l’agriculture
Les haies, les alignements d’arbres, les bosquets, sont autant de formations arborées adaptées à chaque contexte pédoclimatique qui peuvent s’associer avec les cultures et les animaux en apportant de grands bénéfices.
Les secteurs d’élevages du Lot ont pu maintenir un maillage dense de haies souvent associées aux murets entourant les parcelles de prairies. Mais dans les zones plus fertiles des vallées et des plateaux, l’évolution de l’agriculture et du machinisme ont eu pour effet un remembrement des parcelles de terres arables, réduisant ainsi la place des haies. Aujourd’hui, ces haies et bosquets représentent les principales infrastructures agro-écologiques (IAE) de nos paysages agricoles. Intégrer les haies dans l’aménagement de l’exploitation fait donc partie du panel des solutions possibles face aux besoins et problématiques actuels du monde agricole : adaptation et atténuation au changement climatique, diversification, régulation naturelle des bio agresseurs, réduction de l’emploi d’intrants, maintien de la fertilité des sols et lutte contre l’érosion…
Bénéfices pour l’élevage
L’utilisation de l’arbre au service des animaux a toujours existé. L’arbre est un atout pour protéger les animaux des aléas climatiques. Son ombrage est apprécié en été. Il permet de réguler les écarts de températures entre le jour et la nuit. Sous forme de grandes haies multistrates, Il abrite au mieux de la pluie et du vent. De nombreuses productions sous Label (Bio, Label Rouge…) intègrent ainsi l’arbre dans leurs cahiers des charges d’élevage en plein air. L’arbre offre naturellement cette protection climatique et peut apporter bien plus (fruits, fourrage, bois énergie, bois d’œuvre, paysages attractifs…). Sur ces zones d’élevage déjà bien pourvues en haie, le principal enjeu est le maintien de ces haies en bon état. La nouvelle démarche des Paiement pour Services Environnementaux (PSE), portée par l’Agence de l’eau et expérimentée dans le bassin du Célé auprès de 90 exploitants agricoles, en est un bon exemple. Ce dispositif constitue pour les agriculteurs une valorisation financière supplémentaire basée sur la reconnaissance des multiples services écosystémiques rendus par leurs haies. Ce dispositif de PSE accorde une importance particulière à la prise en compte d’une gestion durable des structures paysagères (haies, bocage…), et a prévu pour ce faire d’utiliser le Label « Haie » pour apporter une garantie de gestion durable des haies et ainsi dépasser les exigences actuelles de la PAC portant sur la haie (BCAE 8) et par là même de légitimer une rémunération supplémentaire à celle de la PAC.
Avantages pour les grandes cultures
De nombreux sols destinés aux grandes cultures sont confrontés à une baisse importante de leur fertilité. L’association des arbres avec les cultures présente beaucoup d’atouts pour y remédier : enrichissement du sol en matière organique, augmentation de la réserve utile en eau du sol, microclimat favorable aux plantes, refuge pour les auxiliaires de culture… Ce constat amène à repenser l’organisation des parcelles qui est possible sans grands changements d’habitude. Les plus grandes parcelles devraient pouvoir accueillir plusieurs cultures différentes pour limiter les risques, mais à défaut de diviser une parcelle par une haie, les zones en rupture de pente ou les bas de parcelles restent pertinents pour en implanter. Dans certains cas, les nouvelles haies peuvent contribuer aux « crédits carbone » valorisés dans le label « bas carbone ».
Pour les cultures pérennes
En vigne comme en verger, nous observons de plus en plus la volonté des producteurs d’intégrer des haies dans les systèmes d’exploitation. Sans contredire les objectifs de production, l’arbre champêtre bien positionné et bien géré représente un atout. En effet, il rend de nombreux services écologiques en atténuant les excès climatiques préjudiciables à la qualité des fruits et en contribuant à la restauration de la fertilité des sols. Il donne aussi une image positive et respectueuse de l’environnement de l’exploitation, bien perçue par les riverains et les consommateurs. En outre, des haies denses assurent une barrière physique limitant les dérives de pulvérisation, par exemple pour séparer les modes de cultures conventionnels et bio. De plus, elles constituent un réservoir d’auxiliaires des cultures à condition de choisir judicieusement les essences à favoriser : par exemple le sureau noir sera à éviter à proximité des cerisiers car il héberge Drosophila Suzukii, alors que le lierre, souvent décrié, est pourtant un hôte inoffensif hébergeant de nombreux auxiliaires de différents genres ce qui est intéressant pour la protection des cultures. Souvent déficitaires en infrastructures agroenvironnementales, les exploitations de vergers ou de vignes tireront avantageusement profit de la plantation de haies pour obtenir plus aisément leurs labels comme la « Haute Valeur Environnementale » (HVE).
Des aides à la plantation
Puisque les haies sont universellement reconnues pour leurs bénéfices environnementaux, économiques et sociétaux, elles bénéficient régulièrement de dispositifs de subventions pour inciter les agriculteurs à planter. Au-delà des financements de l’Europe et de la Région, le nouveau « Pacte en faveur de la haie » proposé par l’Etat est désormais accessible dans le Lot, il permet d’apporter des aides incitatives pour les agriculteurs porteurs de projets de plantation d’arbres et de haies champêtres. Plusieurs acteurs du monde agricole et rural, dont la Chambre d’agriculture du Lot et la Fédération départementale de Chasse, travaillent en partenariat avec l’association « Arbres Haies Paysages 46 » pour déployer ce programme. Si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à contacter l’association basée à la Maison de l’agriculture : Chloé DUCUNS au 07 65 18 47 74 –
Thierry Chanut Montlauzun
« Des arbres pour un élevage en agroforesterie »
A la tête d’un troupeau ovin de 270 brebis Causse du Lot, Thierry Chanut a fait le choix d’un élevage en plein air intégral, sans bergerie pour limiter les investissements « le système marche bien mais les étés de plus en plus chauds nécessitent de l’ombrage pour les animaux qui craignent les fortes chaleurs. Alors, j’ai décidé de pratiquer l’agroforesterie et de planter des alignements d’arbres tous les 40 mètres afin de constituer des parcs pour le pâturage tournant des brebis. La Chambre d’agriculture m’avait informé du dispositif financier « Plantons des haies », puis j’ai eu la chance d’avoir l’accompagnement de l’association « Arbres Haies Paysages 46 » pour choisir les espèces adaptées et bénéficier des aides.
J’ai déjà replanté près de 900 arbres en deux hivers, 2022 et 2023, des essences de haut jet comme l’érable, le chêne, le tilleul, le freine, l’aulne, l’alizier, le sorbier, le cormier, le micocoulier… Le plus délicat est l’implantation au cours des premiers étés car il faut les arroser en période chaude, ce qui prend pas mal de temps. Mais ça marche et j’ai eu peu de pertes. Outre la beauté du paysage, ces arbres favorisent la pousse et le maintien de l’herbe en été par leur ombrage. On gagne donc du fourrage tout en participant à l’amélioration de la biodiversité et de l’état des sols au niveau humique et hydrique. C’est excellent pour l’environnement. Je vais donc continuer à planter de nouvelles parcelles cet hiver… »