- décembre 19, 2024
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Santé des bovins allaitants : Le sélénium, un investissement essentiel pour assurer la performance
La minéralisation joue un rôle fondamental dans la santé et la productivité des bovins allaitants. Souvent négligée, elle constitue pourtant un pilier essentiel de la gestion nutritionnelle, influençant non seulement la croissance des veaux, mais aussi la reproduction, la santé générale et la longévité des vaches allaitantes.
Les besoins varient selon le stade physiologique (gestation, lactation), le potentiel de production, le type de sol et de fourrage disponible, ainsi que les conditions d’élevage. Il est donc important de raisonner sa minéralisation à l’échelle de l’exploitation en considérant les interactions entre le sol, les plantes et le troupeau lorsque l’on souhaite minéraliser des animaux. Les carences, notamment en oligo-éléments, se font plus fréquentes de nos jours avec des performances animales de plus en plus élevées et des animaux de formats plus importants qui impliquent des besoins supérieurs. Mais aussi, avec des fourrages de moins en moins riches en minéraux à cause d’une diversité botanique réduite couplée à une hausse des rendements et une utilisation d’engrais dépourvus d’oligoéléments. De plus, les seuls oligo-éléments apportés au sol sont ceux issus des épandages de fumiers mais ces derniers sont générés par des animaux déjà carencés !
Oligo-éléments
Quatre oligo-éléments majeurs pour la santé des troupeaux ont particulièrement été étudiés : le cuivre, le zinc, l’iode et le sélénium. Ils sont transférés de la mère au fœtus, de manière efficace, par voie transplacentaire. De fait, la période de péripartum est une phase critique pour la mère et son futur veau. Une gestion minérale rigoureuse durant cette période est essentielle pour garantir un vêlage sans complications, une bonne santé de la mère, et un départ optimal pour le veau. Durant ces 20 dernières années, de gros progrès ont été faits dans la compréhension du rôle des oligoéléments sur la physiologie des ruminants et plus particulièrement l’implication du sélénium. Le sélénium est l’un des oligoéléments qui joue un rôle fondamental dans la vitalité des veaux. Dans les élevages carencés, son apport en fin de gestation limite les problèmes. En effet, le sélénium interfère dans différentes fonctions. Il intervient dans la construction de la fibre musculaire. Il participe au fonctionnement des globules blancs, acteurs majeurs de l’immunité. C’est un antioxydant, tout comme la vitamine E à laquelle il est souvent associé. Il favorise la fixation de l’iode dans la thyroïde et donc la synthèse des hormones thyroïdiennes. Celles-ci interviennent dans les mécanismes de la croissance du veau, de la respiration et de la régulation de la température. Elles sont donc indispensables au bon fonctionnement de l’organisme.
Rôle du sélénium
De plus, une étude conduite par Francis Enjalbert, Pascal Lebreton et Olivier Salat en 2006 sur 10 325 animaux analysés dans plus de 2000 élevages en France et en Belgique (997 troupeaux laitiers et 1083 troupeaux allaitants) confirme l’impact d’une carence en sélénium. En effet, les risques de mortalité périnatale sont 30 fois plus fréquents lors d’une carence en sélénium. De même, les cas de diarrhée néonatale sont multipliés par 13, tandis que les échecs de vaccination sont multipliés par 15. Et ce, en lien direct avec les conséquences d’une carence en sélénium sur le système immunitaire, mais aussi car le sélénium améliore la teneur du colostrum en immunoglobulines chez la mère et leur absorption par le veau.
Apports en sélénium
L’idéal serait de donner tous les jours à la vache sa dose physiologique mais en pratique, c’est compliqué en allaitant. Pour la vache allaitante, l’idéal est de complémenter 2 à 3 mois avant vêlage. Le transfert du sélénium vers le veau va se faire par l’utérus, puis par le colostrum et le lait. Le colostrum étant 5 fois plus dosé que le lait, cela confirme l’importance capitale de la prise colostrale pour le veau le plus tôt après la naissance. Plusieurs dispositifs existent, que ce soit des bolus, du liquide ou du granulé, ainsi que du sélénium sous forme minérale ou organique. Dans tous les cas, il convient de s’assurer que les produits distribués sont suffisamment dosés pour assurer la correction. Il est nécessaire d’associer un apport d’iode, voire de cuivre et de zinc présents en faible quantité dans nos sols. Enfin, si la complémentation des mères assure une bonne correction pour les premiers jours de la vie du veau, elle ne suffit pas à garantir son avenir. Il faut donc impérativement refaire un apport de sélénium sur les veaux (pierre à lécher ou AMV). Toutefois, attention au dosage du Sélénium qui peut s’avérer toxique lorsque sa consommation dépasse 0,5 mg/kg de matière sèche ingérée (MSI) par l’animal. L’optimum de dosage serait de 0,3 mg/kg de MSI.
En conclusion, le sélénium n’est pas une dépense superflue, mais un levier stratégique pour maximiser la productivité et la durabilité des élevages de bovins allaitants. En travaillant les apports en sélénium, les éleveurs favorisent la fertilité des mères, l’immunité du troupeau et la robustesse des veaux. Ce qui, grâce à une diminution des pertes et une optimisation des performances, permet d’optimiser le résultat de l’atelier avec peu d’investissement.
Contacts et informations
Pôle élevage Chambre d’agriculture du Lot – 05 65 23 22 25
Guillaume Loustau Chargé de mission bovins viande – 07 86 63 96 33