- janvier 7, 2025
- Aucun Commentaire
- 5
Reproduction des bovins : Bien gérer son troupeau avec les constats de gestation
La gestion de la reproduction en élevage de bovins allaitants est déterminante dans la rentabilité de l’atelier. L’improductivité, qu’elle soit liée à des facteurs sanitaires, nutritionnels, ou organisationnels, peut entraîner des pertes économiques importantes. Pourtant, le suivi de reproduction en élevages allaitants n’est pas des plus répandus.
La réussite de la reproduction est la résultante d’une démarche globale dont les facteurs intervenants sont multiples. Ils peuvent être regroupés en quatre catégories.
La conduite de la reproduction par l’éleveur qui a la charge de la mise à la reproduction des femelles et notamment des génisses pour un vêlage avant l’âge de 36 mois. La détection des chaleurs est également une source d’improductivité. L’éleveur, doit alors surveiller les chaleurs grâce à des outils de détection ou par observation qui demande du temps à l’éleveur. Pour cette dernière, il est recommandé de réaliser deux observations journalières de 15 minutes la première le matin avant les soins et la seconde le soir après la fin des travaux. L’infertilité, transitoire ou définitive, du taureau en monte naturelle génère des conséquences pouvant être très élevées sur un plan économique d’autant plus que le nombre de femelles saillies est généralement important et que les répercussions n’interviendront seulement que 9 à 12 mois plus tard ! De plus, il faut savoir que la spermatogénèse est impactée par une élévation de la température. De fait, une maladie infectieuse qui se traduit par une hyperthermie importante entraine un risque de stérilité pendant au moins 9 semaines (durée de la spermatogénèse).
La conduite alimentaire est également très impactante sur la fertilité du troupeau. Les besoins des animaux évoluent en fonction de leur stade physiologique. Respecter une alimentation correcte à tous ces stades-là, permet d’avoir et d’obtenir une reproduction correcte sur l’année. L’appareil sexuel est très sensible à un déficit énergétique marqué. Aucune sous-alimentation n’est à tolérer pour les femelles en mauvais état et les génisses au 1er veau. A l’inverse, une suralimentation peut causer l’infertilité en favorisant des retards d’involution utérine. Une note d’état supérieure à 2,5 et inférieure à 4 (note d’état de 0 à 5) à n’importe quel stade physiologique est le meilleur atout de bonne fécondité ultérieure (cf. Illustration). En l’absence de complémentation, les déséquilibres sont la règle avec les fourrages conservés : déficits azoté, vitaminique (vitamine A) et minéraux (macroéléments, cas particulier du sel, oligoéléments). Ces carences sont susceptibles de favoriser des métrites et des troubles fonctionnels de l’appareil sexuel en général. Il y a donc un suivi alimentaire rigoureux à avoir deux mois avant et deux mois après vêlage.
Le volet sanitaire est une source d’anœstrus qui est réduite si l’éleveur apporte une alimentation couvrant bien les besoins des animaux. Les causes principales en sont les pathologies associées à la mise-bas, les vêlages assistés notamment lors d’hygiène insuffisante, les avortements mais aussi les déficits alimentaires et principalement le déficit énergétique en péri-partum. 70 % des problèmes d’infécondité chez la vache sont dus à des métrites subaiguës. Ainsi, toute introduction du bras dans le vagin, même sur un vêlage facile, multiplie par deux le risque de métrites chroniques. Le parasitisme, comme la grande douve, sollicite énormément le métabolisme et est une source d’anœstrus. Ensuite, interviennent les problématiques autour de l’avortement d’origine bactérienne, virale, parasitaire, fongique, toxicologique ou traumatique. Dès qu’il y a de la fièvre, qu’importe l’origine, le risque abortif est élevé.
NB : Actuellement, les maladies vectorielles FCO8 et MHE génèrent une hausse anormale de l’improductivité sur les bovins du département. Avec, d’une part, une baisse de la reproduction liée à des animaux ayant perdu trop d’état voir maigres et, d’autre part, une hausse des avortements provoqués par de la fièvre lorsque les animaux réagissent au virus. Noter également que ces virus engendrent un effondrement des statuts en oligo-éléments et vitamines qui sont des éléments essentiels au bon fonctionnement des systèmes immunitaire et reproductif.
Le confort et l’environnement du bovin comme l’exposition à la lumière des animaux mais surtout la place en bâtiment et l’accessibilité à l’eau et à l’auge sont des facteurs traumatiques pouvant causer de l’infertilité.
Assurer le suivi de la reproduction avec les constats de gestation
Pour suivre au mieux sa conduite de la reproduction sur une campagne donnée, il est primordial de réaliser des constats de gestation. Différentes techniques existent : dosages hormonaux (lait, sang), palpation transrectale ou échographie. Cela comporte de nombreux avantages en termes de gestion du troupeau :
- Mettre en place un prévisionnel des naissances, constituer des lots, et planifier la production.
- Augmenter la rentabilité en décelant les animaux improductifs pour minimiser les charges d’élevage associées.
Contrôler la fécondité individuelle en détectant les vaches vides pour les remettre rapidement à la reproduction sans perte de temps ou de les engraisser. - Contrôler la fécondité collective avec l’estimation du nombre de femelles gestantes qui est un bon reflet de la conduite de l’élevage (alimentation, hygiène, surveillance des chaleurs, …).
- Mettre en évidence précocement d’éventuels troubles liés au taureau. Il conviendrait de confirmer les gestations après le retrait des taureaux.
- Différencier avortement et infécondité pour identifier les sources potentielles de troubles de reproduction et les corriger pour la campagne suivante.
- Certifier gestantes des vaches ou génisses destinées au renouvellement ou à la vente de reproductrices.
- Application précoce des traitements hormonaux ou solutions nécessaires.
Eviter toute intervention thérapeutique pouvant nuire à la gestation.
Selon le nombre d’animaux concernés, leur valeur génétique et le retard à la mise à la reproduction, se posera la question d’envisager une réforme immédiate ou après sevrage.
Ainsi, le suivi de reproduction en élevage allaitant est un outil qui permet de gérer au mieux la reproduction. Les lots d’animaux sont examinés à partir de 35 jours après la fin de la période de reproduction. Ce suivi permet de gagner quelques jours d’IVV ou de réformer rapidement les animaux improductifs, deux actions essentielles pour améliorer la rentabilité. Aujourd’hui, le taux de gestation dans le département en bovins allaitants est de 89 % (chiffres 2023 avant FCO et MHE) alors que l’objectif souhaité est de 95 %. Ce qui se traduit par un manque de l’ordre de 4 veaux produits pour un vêlage de 60 vaches et un manque à gagner supérieur à 4 000 € sachant qu’un constat de gestation coûte autour de 5 € par constat.
Guillaume Loustau Chargé de Mission Bovins Viande – 07 86 63 96 33