- juin 20, 2025
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Nuisibles : Sans déclaration, pas de solution

Le classement des « espèce susceptibles d’occasionner des dégâts » dépend directement des déclarations de terrain. C’est le moment de déclarer. Après l’été ce sera trop tard.
Ce que vous déclarez aujourd’hui aura un impact concret pour les trois prochaines années. » Pour Didier Lefèvre, président de l’Union nationale des associations de piégeurs agréés de France (Unapaf), le message est clair : les chiffres récoltés dès maintenant sont essentiels pour le prochain arrêté triennal (2026-2029) encadrant la régulation des « Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD), nouvel euphémisme pour désigner les nuisibles.
Le temps presse
Le temps presse. L’arrêté ministériel actuel court jusqu’au 30 juin 2026. Mais sa révision démarre dès l’automne 2025. Sans données suffisamment précises sur les dégâts causés par les corvidés, les renards ou les pies, les préfets ne pourront pas proposer leur classement dans leurs départements. Et les conséquences sont bien réelles : « Si une espèce n’est pas classée, pas de piégeage toute l’année et impossible d’intervenir au printemps par tir Or, c’est à cette période que les dégâts sont les plus graves pour les cultures et les élevages. » Or à ce jour, trop peu de remontées du terrain sont enregistrées dans la plupart des départements. « On entend “j’ai eu des dégâts”, mais sans chiffres précis, sans mention des espèces responsables, les dossiers ne tiennent pas devant les tribunaux. » Résultat : certaines espèces comme le choucas ou le corbeau freux ont été déclassées dans plusieurs départements, faute de données exploitables. « Une pomme piquée par une pie devient invendable. Mais il faut le dire, le noter, et le transmettre. Des rangs de maïs saccagés, c’est la même chose ».
Fournir des arguments solides
Alors que les associations écologistes multiplient les recours, le Conseil d’État ne valide les classements qu’avec des arguments solides. Or, ce sont les agriculteurs qui vivent les attaques au quotidien. « Même un simple papier manuscrit suffit. Il faut transmettre, par les chambres d’agriculture, les fédérations de chasse ou directement aux DDT. » Sans mobilisation rapide, certains départements risquent de perdre des outils essentiels de protection pendant trois ans. Et aucun correctif ne pourra intervenir avant 2029.
Didier Lefèvre / Journal des Piégeurs
Ludovic LAGARD
BELMONTET
« Les dégâts deviennent ingérables ! »
« Sur mon exploitation, j’ai semé du maïs semence qui a immédiatement subi de gros dégâts des blaireaux. Ils sont trop nombreux dans les bois environnants et ont levé les rangées des variétés de semence mâle. Quand ils fouillent une ligne, ils la suivent jusqu’au bout, ce qui détruit la parcelle ! J’ai été obligé de resemer mais ils sont revenus à nouveau manger les graines. Ces blaireaux se sont même attaqués à mon ray-grass en soulevant la terre et les pierres, rendant l’ensilage très compliqué ! Je déplore aussi les attaques de corneilles et choucas qui mangent les semis. Toutes ces espèces manquent aujourd’hui de régulation. Il faut surtout penser à déclarer tous les dégâts car c’est primordial de maintenir ces espèces dans la catégorie des ESOD, espèces susceptibles d’occasionner des dégâts, afin de pouvoir les réguler…»