• juillet 1, 2025
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Audition de Denis Carretier au Sénat sur la mission d’information sur l’avenir de la filière viticole

Audition de Denis Carretier au Sénat sur la mission d’information sur l’avenir de la filière viticole

Denis Carretier, secrétaire-adjoint de Chambres d’agriculture France et président de la Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie a été auditionné par les sénateurs Henri Cabanel (Hérault, RDSE), Sébastien Pla (Aude, SER) et Daniel Laurent (Charente-Maritime, LR) sur la mission d’information relative à l’avenir de la filière viticole.

Crédit Photo CRAO

Denis Carretier a présenté le réseau des Chambres d’agriculture et leurs missions d’accompagnement des viticulteurs. Les Chambres d’agriculture offrent des conseils sur les pratiques viticoles et œnologiques, ainsi que sur la structuration des relations avec les acheteurs. Ce réseau comprend 60 chambres départementales et régionales et emploie 220 conseillers spécialisés. Il a également mis en avant le rôle des fermes Dephy qui accompagnent les viticulteurs dans la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.

Plusieurs problématiques ont été soulignées :
  • L’absence des Chambres dans les interprofessions du secteur viticole.
  • La nécessité d’une étude technique globale pour identifier les cépages les mieux adaptés aux conditions climatiques régionales.
  • Le manque de financement pour les biocontrôles et la recherche en général.
  • La surproduction et la gestion des stocks, où la distillation est une solution partielle. La contractualisation est une piste, bien que certains acteurs y soient réfractaires.
  • La centralisation de l’aide à la promotion au sein des interprofessions de bassin.
Face aux aléas climatiques, Denis Carretier a proposé plusieurs solutions pour la restructuration des vignobles :
  • La contractualisation, avec un engagement à la parcelle et sur la durée entre coopératives et producteurs, bien que certains soient réticents.
  • L’irrigation, essentielle dans certains secteurs, et la restructuration des sols pour y faire face.
  • L’arrachage temporaire plutôt que définitif, avec une obligation de travail des sols pendant les périodes de non-culture pour bénéficier des aides de la PAC.
  • L’enrichissement des sols par le compostage et la méthanisation.
  • Le choix de cépages adaptés au changement climatique, tout en conservant des cépages spécifiques.
  • La formation des jeunes et le renouvellement des générations.
  • L’importance d’un projet d’entreprise solide lors de l’installation.
  • La mise à disposition de données économiques et de marché pour les producteurs.
 
 
Nicolas Fournié : “Il faut nous aider à nous adapter, pas simplement nous retirer des outils”
À quelques jours de sa première participation à la Commission nationale viticole, Nicolas Fournié, représentant professionnel viticole pour la région Occitanie, revient sur les enjeux évoqués lors de l’audition de Denis Carretier au Sénat. Il évoque notamment les liens entre syndicat, interprofession et Chambre, les défis liés au retrait des produits phytosanitaires, et la nécessité de renforcer la recherche en biocontrôle.
« Je vais bientôt assister à ma première réunion au sein de la Commission nationale viti », confie Nicolas Fournié, tout juste nommé membre permanent de cette instance nationale. Une rencontre prévue les 8 et 9 juillet, au cours de laquelle il compte d’abord observer et écouter : « Pour l’instant, je préfère laisser s’exprimer les acteurs nationaux, ils maîtrisent bien le dossier. Je suis encore un ‘jeune loup’ pour eux », sourit-il.
Une actualité européenne qui interroge
L’actualité internationale fait déjà réagir : « On a appris récemment qu’un financement européen de 15 millions d’euros allait soutenir le développement de la filière viticole en Afrique du Sud. Une partie serait destinée au commerce, l’autre à la viticulture. C’est forcément interpellant pour nous, en pleine crise. Mais je n’ai pas encore assez d’éléments pour analyser ça en profondeur, ce sera peut-être abordé plus tard. »
À l’échelle nationale, Nicolas Fournié se félicite de l’adoption du projet de loi Duplomb, validé hier soir en commission mixte paritaire : « Cette loi apporte des réponses attendues sur les questions de simplification, de régulation, et de structuration de la filière. Il faut maintenant qu’elle se traduise rapidement sur le terrain. »
Un exemple de coopération locale à Cahors
Sur le terrain, Nicolas Fournié observe des dynamiques positives, notamment à Cahors. « Grâce à l’impulsion du syndicat AOC et de l’interprofession, et avec l’appui de la Chambre d’agriculture via Laurent Magot, on a pu avancer avec le manager de transition. Les liens entre les services techniques de la Chambre et ceux du syndicat se renforcent. Ce n’est pas encore parfait, mais on progresse. Il faut continuer dans ce sens. »
« On ne peut pas passer notre vie à se plaindre »
Concernant le retrait progressif des produits phytopharmaceutiques, Nicolas Fournié se veut constructif :
« On ne peut pas passer notre vie à se plaindre parce qu’on nous enlève des produits. Ce qu’il faut, c’est qu’on nous aide à nous adapter. Si on nous retire des molécules, il faut en contrepartie renforcer la recherche sur le biocontrôle. Trouver des alternatives viables, c’est la clé. À partir du moment où ces solutions existent, alors oui, on pourra accepter plus facilement la perte de certains traitements. »
Prochain rendez-vous
Le rendez-vous est donc fixé pour début juillet. Nicolas Fournié se prépare à entrer dans le vif du sujet, avec prudence mais détermination : « On verra à ce moment-là de quoi il sera vraiment question. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on doit continuer à construire, à coopérer, et surtout à proposer des solutions concrètes pour l’avenir de la viticulture. »
 
©CA46