• mai 3, 2023
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Interview d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA : La force de la FNSEA, c’est d’être un tout !

Interview d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA : La force de la FNSEA, c’est d’être un tout !

Arnaud ROUSSEAU dans le Lot lors du congrès FDSEA 2018.

 

Entretien avec Arnaud ROUSSEAU, à la suite de son élection le 13 avril.

 

Vous venez d’être élu président de la FNSEA. Quelle est votre première réaction ? Une grande satisfaction ?

Arnaud Rousseau : Je tiens d’abord à remercier mes pairs de la confiance qu’ils m’accordent en me confiant la présidence pour les trois prochaines années. J’ai également une pensée pour ma famille, mon entourage et toutes celles et ceux qui m’ont accompagné depuis le début de mon engagement à la FOP et à la FDSEA77. Je veux dire à tous que je mesure pleinement la grande responsabilité qui s’attache à ce mandat, que je prends à bras le corps avec conviction mais aussi humilité. Les adhérents peuvent compter sur moi pour dignement porter les intérêts de la FNSEA, faire entendre leur voix, et préparer l’avenir de notre agriculture dans toute sa diversité.

Vous évoquez la notion de production. Ne craignez-vous pas que vos actions alimentent encore la vision d’une FNSEA« productiviste » ?

A.R. : Ne nous trompons pas sur les termes. «Production » et « productivisme » sont deux concepts bien distincts. Préserver et développer nos capacités de production est essentiel pour l’agriculture française et européenne. Malgré les nombreuses alertes que la FNSEA et d’autres organisations comme le COPA ont lancées, nous sommes devenus de plus en dépendants des pays tiers. En France, la moitié des poulets que nous mangeons est importée, nous dépendons des pays européens et des pays tiers pour une grande partie de nos fruits et légumes. Notre production et notre filière sucrières sont mises à mal en raison de décisions politiques qui se sont révélées incohérentes, en créant d’importantes distorsions de concurrence. Je pourrais, là encore, multiplier les exemples. Je pense qu’il faut faire mieux comprendre à la société tous les efforts qui ont été réalisés, qui restent méconnus d’un grand nombre. Oui, il est possible de concilier production et transition agroécologique ! Ce chemin de cohérence et d’exigence existe, j’en suis convaincu. Nous le portons à la FNSEA, avec la conviction que ce n’est pas dans la décroissance que nous gagnerons notre salut économique, social et environnemental.

Quel type de président de la FNSEA serez-vous ? Plutôt directif ou bien collaboratif ? Un président de réseau ?Un président ouvert ?

A.R. : Tout cela à la fois ! Je serai d’abord au service des adhérents, leur premier représentant. Un président de terrain, qui va à leur rencontre et est à l’écoute de leurs préoccupations et de leurs difficultés. Je veux rassembler autour d’une vision partagée et d’un collectif dans lequel la place des femmes et des hommes est primordiale, de même que celle des territoires, et où il faut cultiver le goût d’entreprendre. Je serai un président qui fixe le cap, qui s’entoure et qui délègue en confiance. Je resterai attentif et connecté au réseau, parce que l’unité sera notre premier atout pour faire front et arrêter le déclassement de notre agriculture. Je m’inscrirai dans la tradition réformatrice de notre syndicat, et engagerai la réflexion collective sur une nouvelle gouvernance plus moderne, plus agile, plus collégiale et ancrée dans les territoires. J’ai déjà quelques pistes de réflexion en tête, et les partagerai au Conseil d’administration lors de son prochain séminaire. Enfin, je serai un président responsable et exigeant vis-à-vis des Pouvoirs publics.

Face aux politiques français et européens, quel président serez-vous ?

A.R. : Avec les représentants du monde politique comme avec les pouvoirs publics, je serai un interlocuteur responsable et exigeant. En tant que corps intermédiaire, nous devons savoir garder nos distances, c’est la garantie de notre indépendance. Et il nous faut savoir instaurer un rapport de force avec celles et ceux qui nous gouvernent à Paris et à Bruxelles. Les belles paroles restent trop souvent lettre morte : je m’attacherai à ce qu’elles se traduisent en actes, car c’est des actes dont les agricultrices et agriculteurs ont besoin aujourd’hui ! Nous attendrons des décisions qui traduisent une ambition politique forte pour l’avenir de notre agriculture. Nous serons par exemple à la manœuvre pour rechallenger Farm to Fork : je partage une partie de ses objectifs agro-environnementaux, mais estime qu’il ne doit pas être facteur de décroissance pour l’agriculture française et européenne.

Quels sont vos chantiers à court moyen et long terme ? Quelle est votre ambition générale ?

A.R. : A court terme, les sujets les plus préoccupants et sur lesquels je souhaite avancer rapidement sont la mise en œuvre de la nouvelle PAC, la directive « émissions industrielles » (IED), les accords commerciaux internationaux, et notamment Mercosur. C’est aussi la préservation de nos moyens de production, notamment l’accès aux phytosanitaires, le stockage de l’eau. N’oublions pas la stratégie nationale bas carbone avec ses conséquences pour la pérennité de l’activité de nos éleveurs et de l’élevage français. A moyen terme, la FNSEA devra se pencher sur la préparation du cadre européen pour 2024, avec enligne de mire les élections européennes en 2024. Il nous faut conserver des relais d’influence au Parlement européen pour infléchir les politiques européennes : elles sont parfois mal ficelées et surtout incomprises par nos agriculteurs. A plus long terme, il nous faut soutenir la souveraineté agricole française et européenne, et donc aborder les enjeux de souveraineté alimentaire et énergétique. Il y a urgence à accélérer notre travail sur le renouvellement des générations. Enfin, il nous faut écrire un nouveau pacte avec la société française pour ancrer la compréhension de la nécessaire cohérence entre trajectoire agricole et attentes alimentaires, environnementales, économiques de nos concitoyens… et inscrire l’agriculture comme solution aux défis actuels. Trop de lieux communs persistent sur notre métier, il est grand temps de redonner tout son sens à notre identité agricole !

Parmi tous ces chantiers quelle est votre priorité ?

A.R. : En tant que président de la FNSEA, mon devoir est de préparer l’avenir. A ce titre, notre premier défi est celui du revenu, que nous devons garantir à chaque agriculteur pour assurer la pérennité de nos métiers et donc de notre agriculture. Comment, sinon, attirer des jeunes et des nouveaux profils pour prendre la relève de nos 166 000 collègues qui partiront à la retraite d’ici 10 ans ? Le renouvellement des générations est une question cruciale. Préparer l’avenir, c’est aussi travailler à celui de notre syndicat, en veillant à l’émergence de nouveaux visages, avec, notamment plus d’élues dans notre réseau, à l’image de la féminisation de nos métiers.

 

Nouveau bureau

Président : Arnaud ROUSSEAU (77)
Secrétaire général : Hervé LAPIE (51)
Premier vice-président : Jérôme DESPEY (34)
Deuxième vice-président : Patrick BENEZIT (15)
Vice-présidents : Damien GREFFIN (91), Franck SANDER (67), Luc SMESSAERT (60)
Jérôme VOLLE (07), Catherine FAIVRE-PIERRET (25)
Secrétaires généraux adjoints : Romain BLANCHARD (13), Christophe CHAMBON (25), Thierry
COUE (56)
Trésorier : Eric THIROUIN (28)
Membres : Yohann BARBE (88), Yannick FIALIP (43), Laurent SAINT-AFFRE (12), Arnaud GAILLOT
(JA), Stéphane AUROUSSEAU (58), Christian DURLIN (62), Brice GUYAU (85), Franck LABORDE (64),
Arnold PUECH D’ALISSAC (76), Cédric TRANQUARD (17), Pascal CORMERY (37), Didier VERBEKE (60)