• décembre 20, 2021
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Vignoble de Cahors Un livre retrace son expansion de 1650 à 1850

Vignoble de Cahors Un livre retrace son expansion  de 1650 à 1850

Le vignoble connût deux siècles d’une expansion exceptionnelle grâce au dynamisme du port de Bordeaux et au marché attractif du vin. Il s’étendit alors sur tout le Quercy comme le démontre la thèse réalisée par Sophie Brenac-Lafon.

Publié avec le soutien financier de l’association d’expérimentation de la Ferme Départementale d’Anglars-Juillac, ce livre est la version abrégée de la thèse d’histoire de Sophie Brenac-Lafon ayant pour titre « Vignoble et vin de Cahors, 1650-1850 » soutenue à l’Université Bordeaux Montaigne en février 2020. L’auteure en a présenté les conclusions lors d’une conférence organisée par la Ferme Départementale le 26 novembre en présence de diverses personnalités et de vignerons.
Passionnée d’histoire
Sophie Brenac-Lafon a ses attaches familiales au coeur du vignoble de Cahors et y réside. Brillante étudiante, elle est docteure en histoire moderne et professeure d’histoire-géographie au lycée Gaston Monnerville à Cahors. Elle est également chargée de mission auprès du service éducatif des Archives départementales du Lot dans l’Académie de Toulouse. Passionnée d’histoire, elle a entamé ses premiers travaux sur le sujet (Maîtrise et DEA) à l’Université de Toulouse Jean Jaurès sous la direction du Professeur Francis Brumont qui la forma à la pratique de sources spécifiques : les compoix (cadastres d’Ancien Régime). Elle a repris ses recherches en 2015 parallèlement à ses activités d’enseignante dans le secondaire. Ce livre est l’aboutissement de nombreuses années d’études réalisées avec rigueur.
L’âge d’or du vignoble
On savait que le vignoble de Cahors avait considérablement contribué à la prospérité du Lot et de ses habitants. Mais il était intéressant de mieux comprendre les causes précises et les modalités de cette expansion qui dura plus de deux siècles jusqu’à son anéantissement par le Phylloxera dans les années 1870. Cette thèse en explique les rouages. La commune de Cahors possédait déjà un vignoble conséquent évalué à 2000 ha au début du dix septième siècle. Puis des années 1650 au milieu du dix neuvième siècle, le territoire de production du vin de Cahors connut alors une période d’expansion exceptionnelle liée au dynamisme du port de Bordeaux. L’espace viticole s’étendit au-delà de la ville couvrant les campagnes du Quercy de part et d’autre du Lot. La forte croissance démographique enclenchée au dix septième siècle favorisa les défrichements et la mise en culture de nouvelles terres. Cette tension sur les ressources se retrouve dans les structures foncières caractérisées par une extrême parcellisation de la propriété. Si au dix septième siècle, la vigne déjà bien implantée restait une culture secondaire pour la plupart des catégories sociales, à l’exception des petits tenanciers, c’est réellement au cours du dix huitième siècle que les Quercynois s’orientèrent massivement vers la production de vin afin de répondre à l’appel du marché. Cet investissement se traduisit par l’encépagement des terres traditionnellement destinées aux céréales et par de meilleurs soins apportés aux vignes. En cherchant à satisfaire une demande extérieure relayée par les négociants des Chartrons de Bordeaux, ils privilégièrent le cépage auxerrois, appelé aujourd’hui malbec, assurant ainsi l’élaboration d’un vin rouge presque noir. Sa commercialisation vers l’Europe du Nord et les Antilles en fit un produit vulnérable au tournant du dix huitième siècle. Malgré une conjoncture difficile à la fin de l’Ancien Régime, le vignoble progressa dans certaines communautés, couvrant la moitié du terroir de Cahors au début du dix neuvième siècle. L’omniprésence des activités viticoles conféra une identité spécifique à ce territoire encore réelle aujourd’hui. A la fois vignoble suburbain, populaire et bourgeois, et vignoble paysan, le vignoble de Cahors offre un modèle original qui se différencie de nombreuses régions viticoles étudiées jusqu’alors. En s’appuyant sur le cadastre de l’ancien régime, Sophie Brenac-Lafon a montré que ce vignoble était largement travaillé par des petits paysans qui cultivaient des surfaces modestes, quelques ares à un ou deux hectares. A l’époque, détenir 3 ou 4 hectares constituait déjà un beau vignoble. Au delà, Seuls les grands seigneurs possédaient des propriétés de 20 hectares mais ils étaient très peu nombreux. En réalité, c’était un vignoble très différent d’aujourd’hui avec des ceps de vigne épars, non palissés, et des rendements de cueillette de l’ordre de 3 à 8 hl/ha. Un vignoble extrêmement extensif qui s’étendait partout, des côteaux aux plaines.

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