- mai 26, 2022
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Des prairies multi-espèces aux multiples atouts
En associant plusieurs graminées et légumineuses dans les prairies, on peut gagner en économie d’azote, en régularité de l’herbe et en production de fourrages riches en protéines. Revue des atouts verts des prairies de mélange.
Comme leur nom l’indique, les prairies multi espèces associent plusieurs espèces de graminées et de légumineuses fourragères. Ce mélange d’au moins trois ou quatre espèces de plusieurs familles différentes permet de tirer profit des bénéfices de chacune. Les espèces étant complémentaires, on joue sur leur synergie, mais aussi sur leur succession dans le temps pour s’implanter rapidement et durer dans le temps. Par exemple, le ray-grass anglais peut couvrir le sol rapidement avec une fonction de garnissage et d’engazonnement, puis le dactyle ou la fétuque assureront la fonction de production grâce à leur port dressé de la deuxième à la sixième année. Le pâturin des prés prendra le relais avec le vieillissement du couvert. Quant au trèfle blanc, il assurera la fourniture d’azote aux graminées dès la deuxième année en ayant, lui aussi, une fonction de garnissage.
De l’azote gratuit avec les légumineuses
Véritables boosters azotés de la prairie, les légumineuses (luzernes, trèfles blanc ou violet…) permettent de réduire la consommation en engrais et en concentrés azotés. En effet, grâce leur capacité à fixer l’azote de l’air, les apports d’azote peuvent être supprimés dès lors que les légumineuses représentent plus de 30 à 50 % de la prairie. Un sérieux atout alors que la tonne d’ammonitrate 33 a dépassé les mille euros depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine… Riches en protéines, les légumineuses produisent aussi des fourrages pâturés ou fauchés enrichis en matières azotées avec un bon équilibre énergie/azote. Là non plus, pas besoin de se ruiner en concentrés alors que le tourteau de soja est à plus de 500 € la tonne depuis février.
La production des prairies multiespèces est au rendez-vous puisque plusieurs essais menés par la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou (49) ou par Arvalis à Jeu-les-Bois (36) ont montré que ces couverts sont en capacité de produire plus de biomasse et de protéines que les associations de ray-grass anglais et trèfle blanc. L’écart de rendement est compris entre 1,2 et 1,5 t de MS/ha/an ! La production fourragère est aussi mieux étalée sur l’année avec des pics de production décalés entre les espèces. Sa résistance aux sécheresses estivales et ses capacités de rebond sont à citer parmi leurs avantages.
Damien Hardy, Institut de l’élevage