• octobre 5, 2023
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Interview : Anne CAVALIE viticultrice à PARNAC

Interview : Anne CAVALIE viticultrice à PARNAC

DP : En tant que femme viticultrice, avez-vous rencontré des défis particuliers dans un domaine souvent perçu comme étant plus masculin ?

Anne Cavalié : Disons que ma génération n’a pas eu ce genre de préoccupation, ce problème ayant plutôt pesé sur la génération précédente qui avait dû se battre plus que nous. Moi, je n’ai jamais eu d’a priori du fait d’être viticultrice, femme, et que je parle de vin. Je n’ai jamais ressenti de barrière.

 

DP : Avez-vous remarqué des changements ou des évolutions dans la manière dont les femmes sont perçues et intégrées dans le monde viticole au fil des années ?

AC : Alors, c’est vrai que ma situation est un peu particulière puisque je travaille en couple avec mon mari. Par rapport à la génération précédente où la femme était cantonnée à certaines tâches plutôt administratives et de vente du vin, mon rôle a forcément évolué vers plus de responsabilités.

Par exemple au niveau de la fédération des vignerons indépendants, chaque année, on émet un petit livret qui présente tous les vignerons, ça fait quelques années qu’on fait un onglet « vin féminin ». C’est quelque chose qu’on aime à revendiquer. Je trouve ça bien de mettre en avant certaines femmes. Il y a une spécificité de « vin de femmes », de travail de femmes, oui, il y a peut-être une sensibilité, mais il y a certains hommes qui ont des sensibilités féminines plus que certaines femmes.

DP : Et finalement, quel conseil donneriez-vous à d’autres femmes qui envisagent de se lancer dans le métier de viticultrice ?

AC : Qu’elles le fassent !

C’est une évidence, le métier a une partie physique que les hommes assument plus facilement, d’où l’intérêt de travailler en couple.

Pour motiver les dames, elles doivent croire en ce qu’elles veulent faire et surtout ne pas se laisser influencer par justement des personnes extérieures. Mais c’est valable pour les femmes comme pour les hommes. En fait, il faut juste croire en soi, et aller au bout de ses envies, ce qui n’empêche qu’il faut évidemment s’appuyer sur d’autres compétences parce que dans notre métier, le champ de compétences est tellement grand qu’on ne peut pas être compétent dans tout. Mais là encore, ce n’est pas propre à la femme, quelqu’un qui voudrait s’installer fait le même cheminement et en fait, ce qui intervient dans le résultat final d’une installation, c’est le tempérament de la personne.

Je reviens à notre couple avec mon mari, on est très complémentaires et il y a des fois, dans les moments difficile, nous nous soutenons mutuellement, comme cette vendange 2023 qui est catastrophique, entre le mildiou, la chaleur, et les pertes énormes. Il faut composer, on est davantage sur un métier où il faut avoir un caractère fort et après s’appuyer sur des gens qui ont les compétences qu’on n’a pas et qu’on va acquérir au fur et à mesure peut-être ou pas. Et ensuite être accompagné parce qu’on ne peut pas être bon partout et même cérébralement parlant.

DP : Comment voyez vous l’avenir de la viticulture Lotoise ?

AC : La viticulture traverse en ce moment une crise très grave, principalement à cause des aléas climatiques. Nous devons nous adapter, notamment au niveau des modes de productions, pour maintenir cette culture vitale pour notre territoire. Notre profession est en pleine remise en cause. S’adapter à ces changements climatiques, ça va prendre du temps parce qu’arracher, replanter, ça prend du temps, mais je pense qu’on n’avance pas assez vite pour trouver des solutions et maintenir notre production afin de préserver les rendements.