• janvier 10, 2024
  • Aucun Commentaire
  • 278

Quand économie et écologie se conjuguent avantageusement

Quand économie et écologie se conjuguent avantageusement

Le programme européen Life Green Sheep vise à réduire de 12 % en cinq ans les émissions de gaz à effet de serre des 1 355 fermes mobilisées à cet effet en Union européenne. Trois ans après son lancement, l’Idele dresse un bilan d’étape très encourageant. 

 

En production ovine, décarbonation et rentabilité vont de pair. En Haute Vienne, l’Institut de l’élevage rapporte qu’un producteur d’ovins viande est parvenu à accroître de 110 € par effectif moyen présent son résultat économique en trois ans tout en réduisant de 30 % les émissions de gaz à effet de serre de sa ferme. A l’échelle de son exploitation (270 brebis, 152 ha SAU), le gain est de 35 322 €. En équivalent carbone, l’Idele évalue à 214 tonnes la baisse des émissions à effet de serre de cet élevage.

Pour parvenir à ces résultats environnementaux et économiques, l’éleveur a implanté plus de légumineuses, il a construit un séchoir en grange alimenté par une centrale photovoltaïque et il a recours au pâturage hivernal. De ce fait ce producteur a fait évoluer son exploitation vers l’autonomie puisqu’il a diminué ses achats de concentrés alimentaires et d’engrais chimiques. Dans les champs, il est passé au semis direct et sur sa ferme il a abandonné son séchoir à maïs alimenté au fuel. Entre temps, ses brebis mieux nourries sont plus prolifiques (taux de prolificité de 1,58 en hausse de 0,20 point).

Exploitations plus performantes

Cet éleveur limousin participait au webinaire intitulé « Elevage ovin : les premiers résultats du projet Life Green Sheep et perspectives », organisé par l’Institut de l’élevage. Ce programme vise à réduire de 12 % en cinq ans les émissions de gaz à effet de serre de 1 355 exploitations ovines en agissant sur différents leviers. Ces 1 355 fermes ovines sont réparties dans toute l’Union européenne. Parmi elles, 885 sont françaises (700 élevages ovins viande et 185 élevages laitiers).

En France, les intervenants ont montré que les résultats du programme Life Green Sheep auraient en grande partie été atteints en trois ans. Sur un échantillon réduit de 61 fermes ovins-viande engagées dans le programme européen, l’Idele a constaté une baisse de 10 % à 16 % des émissions de gaz à effet de serre selon les systèmes de production. Mais sur l’échantillon des 53 exploitations ovins-lait retenues, la diminution n’excède pas 11 %. En prenant les mesures adéquates pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, les 114 exploitations ovines sont aussi devenues plus performantes. Leurs résultats économiques se sont accrus de 19 € par effectif moyen présent en ovin viande et de 21 € en ovin lait.

Sept leviers 

A Mourier, dans la station expérimentale de l’Idele (250 brebis, 35 ha de prairies), les ingénieurs ont identifié sept leviers d’actions sur lesquels l’ensemble des producteurs ovins pourraient agir lorsqu’ils seront tous engagés pour adapter la conduite de leur exploitation aux changements climatiques et pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Parmi ces sept leviers, on en retrouve certains utilisés par l’éleveur limousin, la culture de légumineuses par exemple. Mais l’Idele suggère aussi l’implantation de colza au printemps pour finir les agneaux à l’herbe et la plantation de haies pour stocker du carbone. Par ailleurs, le pâturage hivernal réduit la consommation de concentrés. Enfin, les mises-bas sont plus précoces pour avancer la mise à l’herbe au printemps.

En trois ans, les émissions de carbone en équivalent de CO2 par kilogramme de carcasse de l’élevage de la station expérimentale de Mourier ont baissé de près de 10 % à 14,8 kg. Entre temps, la consommation d’énergie par hectare a diminué de 11 600 MJ/ha à 8 800 MJ/ha et la productivité numérique a crû de 40 points. Enfin, la consommation d’aliments a diminué de 60 kg par animal, ce qui a réduit l’empreinte carbone de chaque kilogramme de viande produit.