- mars 1, 2024
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La FNPL reste mobilisée sur le prix du lait
Le 27 février sur le salon de l’Agriculture, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a fait un point d’étape sur les sujets d’actualité. Au menu : les prix planchers, la loi Egalim, le plan d’élevage et les élections européennes en point de mire.
Le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), Thierry Roquefeuil, a été surpris de l’annonce faite par le président Emmanuel Macron, le 24 février, sur le prix plancher. « On s’est demandé à la FNPL si cela nous concernait aussi », a-t-il dit. « Je me suis même demandé si le président de la République allait fixer lui-même le prix du lait », a ironisé Ghislain de Viron, vice-président de la FNPL. En effet la filière est l’une les mieux contractualisées et cette proposition présidentielle a laissé la profession dubitative, jusqu’à ce que le Gouvernement vienne éclaircir le sujet et rassurer les agriculteurs. En fait, il faut comprendre le prix plancher comme celui de la matière première agricole (MPA) qui aux termes des lois Egalim n’est pas négociable. Encore faudrait-il que l’aval respecte cette non-négociabilité. Pour l’association spécialisée de la FNSEA, il n’est pas question de vendre, dans le commerce, un litre de lait en dessous d’une fourchette de prix comprise entre 0,95€ et 1,05€. Or « on trouve des briques de lait d’un litre à 0,75€ dans certains rayons », s’est inquiété Ghislain de Viron. « A ce prix, on sait que le producteur ne sera correctement rémunéré car il existe une corrélation directe entre le prix consommateur et le prix producteur », a précisé Thierry Roquefeuil. « S’il faut retourner dans les grandes surfaces, on le fera », a averti le vice-président.
« Moins cher et ailleurs »
Sans nécessairement balayer le prix plancher d’un revers de main, les producteurs de lait souhaiteraient que ce prix tienne compte de tous les critères qui constituent la MPA, en particulier les investissements. « Aujourd’hui neuf installations sur dix se font avec des robots de traite », a justifié Thierry Roquefeuil. « Il faut aussi donner envie aux jeunes de s’installer. Un prix plancher, ça ne fait rêver personne », a renchéri Yohann Barbe, secrétaire général du syndicat. Favorable à un toilettage d’Egalim, les responsables de la FNPL souhaitent aussi un engagement fort de la restauration hors domicile et hors foyer (RHD/RHF) sur la MPA et la matière première industrielle et que ce secteur « soit plus transparent sur la non négociabilité ». Ils invitent aussi les professionnels de la restauration à mieux valoriser les produits d’origine française, accusant « certains de s’affranchir des règles en important du lait moins cher et d’ailleurs ». D’autant qu’au plus fort de la crise en Ukraine quand le lait flambait en Europe (jusqu’à 600 euros/1 000 litres), la France avait réussi à contenir les prix, avec toute la filière et les lois Egalim, autour de 450-490 €/1000 l.
Commentant le « plan gouvernemental renforcé de reconquête de notre souveraineté sur l’élevage », les cadres de la FNPL qui ont élaboré une plateforme pour les élections européennes du 9 juin (lire encadré), se sont déclarés plutôt satisfaits. « Il n’existe plus de distorsions entre les différents ministères », a développé Yohann Barbe. Autrement dit ce plan constitue un document de référence qui devrait éviter toute cacophonie sur ce secteur de production. Ils voient aussi d’un bon œil l’aide de 150 millions d’euros pour la défiscalisation et souhaiteraient l’étendre aux stocks fourragers. « Ce n’est pas acquis. On reste mobilisés », a assuré le secrétaire général.
Une nouvelle équipe en avril
La FNPL fêtera ses 80 ans lors de la prochaine assemblée générale prévue le 19 mars. L’occasion pour l’équipe en place de « passer la main », a confirmé Thierry Roquefeuil, l’actuel président. Ghislain de Viron, vice-président et Daniel Perrin, secrétaire général tireront aussi leur révérence après plusieurs décennies de bons et loyaux services à la cause laitière. Les congressistes éliront un nouveau conseil d’administration qui élira lui-même le nouveau bureau et un nouveau président.
Une plateforme pour les Européennes
Dans une plaquette de 8 pages, la FNPL a détaillé les différentes problématiques qu’elle souhaiterait voir développer par la prochaine législature européenne. Parmi elles, la directive émissions industrielles (IED) au sujet de laquelle les producteurs laitiers appellent à maintenir le statu quo, c’est-à-dire l’exclusion des élevages bovins. La certification carbone, santé des sols, origine des produits et réforme de la PAC (revalorisation de l’herbe et meilleure prise en compte des actifs) sont aussi au cœur de leurs préoccupations. Les responsables laitiers s’inquiètent surtout de la proposition présentée en décembre dernier par la Commission sur les conditions de transport des animaux d’élevage. « Le gros sujet c’est l’âge des animaux. On n’a pas de visibilité et l’application de cette directive pourrait engendrer de très lourds investissements dans les exploitations », a expliqué Ludovic Blin, administrateur. C’est pourquoi La FNPL demande un maintien de la réglementation actuelle.
Christophe Soulard