- mars 1, 2024
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Une stratégie pour atteindre la neutralité carbone
La filière Forêt-bois a récemment présenté sa stratégie pour contribuer à la neutralité carbone à l’horizon 2050. La forêt et le matériau bois sont des atouts pour réduire les gaz à effet de serre du pays.
Avec plus de 17 millions d’hectares en France métropolitaine, soit le tiers du territoire, la forêt française est un puits de carbone, un outil déterminant pour le séquestrer et participer ainsi à l’objectif défini par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) : neutralité carbone en 2050. L’interprofession France Bois Forêt (FBF) a demandé une étude au Cabinet Carbone 4, spécialisé en énergie et climat. Le but : établir un scénario pour l’avenir. Ce travail sans précédent a duré une année et concerne tous les acteurs de la filière, sylviculteurs, scieurs, construction, ameublement, papiers, cartons et bois énergie. L’étude montre l’interdépendance de chaque maillon de la filière, et comment tous, de l’amont à l’aval, ont un rôle à jouer pour atteindre les objectifs de la SNBC.
La forêt est rattrapée par le réchauffement climatique et lutter contre le dépérissement de certaines essences devient pour les sylviculteurs une priorité. En 2022, 70 000 hectares de forêt ont brûlé. Antoine d’Amécourt, président de Fransylva (propriétaires forestiers privés), rappelle que « 40 % des hêtres sont touchés par la maladie, les frênes sont en train de disparaître ». En raison de la mortalité des arbres, « le puits de carbone forestier s’effondre depuis une dizaine d’années », affirme Christine Deleuze, directrice projet Stratégie Carbone de l’Office national des forêts (ONF). Selon elle, « il faut récolter en priorité ces bois avant qu’ils ne meurent et dégagent à leur tour des gaz à effet de serre ». « Il est indispensable de planter de nouvelles essences mieux adaptées, de rajeunir la forêt pour qu’elle continue à jouer son rôle d’éponge, à pomper le gaz carbonique de l’atmosphère », déclare Jean-Michel Servent, président de FBF.
Un scénario en trois parties
Le scénario établi par le cabinet Carbone 4 insiste en premier lieu sur le rôle central de la sylviculture. Celle-ci doit poursuivre de manière active les actions de renouvellement forestiers. Il faut accélérer l’adaptation et préparer la forêt de demain, de manière à éviter un déstockage massif de carbone et relancer ensuite ce puits forestier. Deuxième axe à privilégier : le renforcement du « puits produit ». Le bois matériau séquestre le carbone. Il faut donc le substituer à d’autres produits carbonés notamment dans la construction. « Construire en bois permet un stockage sur le long terme », affirme Dominique Cottineau de l’Union des industriels et constructeurs bois. Pour développer ce marché les industriels doivent innover afin de pouvoir utiliser tous les bois, même ceux de moindre qualité. Le « puits produit » passe également par le remplacement des produits à fort impact carbone, comme le plastique, par des produits dérivés du bois, tels les sacs en papier et les emballages recyclables. Il faut aussi, selon Carbone 4, « retrouver de la compétitivité : tous les usages du bois doivent être valorisés, notamment en construction et ameublement pour un stockage long du carbone ». Mais le bois énergie est un substitut aux énergies fossiles. L’étude recommande aux scieries d’utiliser les déchets de bois, d’investir dans des chaudières biomasse pour sécher les bois. Ce secteur doit avoir la priorité pour l’accès à cette biomasse. Autres actions à mener : rajeunir la forêt pour renforcer le « puits forestier » ; développer le bois matériau pour favoriser le stockage à long terme ; recycler et utiliser le bois énergie à la place des énergies fossiles.
La filière en quelques chiffres
La filière regroupe 60 000 entreprises réparties sur tout le territoire et procure 416 000 emplois, en augmentation de 10 % en cinq ans pour un chiffre d’affaires de 74 Md€. 7 % des émissions de GES de la France sont absorbés par le puits carbone forestier en 2022 et 2023.