- mai 10, 2024
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LETTRE ÉCONOMIQUE D’AVRIL 2024
La Lettre économique du mois de mars était revenue sur les résultats du commerce extérieur agroalimentaire français de l’année 2023. Y figurait le constat du recul de –5% du solde excédentaire du poste vins et boissons alcoolisées, premier dans la liste des excédents français. C’est l’occasion de prolonger ce constat en allant un peu plus loin dans le détail, non seulement des exportations, mais également des autres indicateurs économiques, à commencer par celui de la production. La sphère viticole semble traverser une période difficile, qui, de surcroît, est annonciatrice de mutations profondes sur la localisation de cette production en raison du changement climatique.
Le commerce extérieur agroalimentaire américain est-il en danger ?
Le profil du commerce extérieur américain partage avec celui de la France un point commun. L’abyssal déficit global est partiellement compensé par un excédent commercial en produits agricoles et alimentaires s’inscrivant sur le temps long. Ce qui les sépare désormais réside pourtant dans le basculement du commerce agroalimentaire américain dans le déficit, alors que, en France, au gré des hausses et des baisses, l’excédent semble mieux résister. Assiste-t-on alors au déclin du commerce extérieur agroalimentaire américain, et, pour tout dire, à l’érosion d’un certain Food Power que Washington a longtemps incarné ? La lecture des résultats statistiques de cet indicateur de l’économie américaine peut contribuer à répondre à la question.
Quand la France débat des prix planchers, les Etats-Unis poursuivent le soutien des prix
S’il faut sans aucun doute remonter plusieurs décennies en arrière pour retrouver des débats aussi ardents qu’actuellement dans le monde agricole français autour de l’éventualité de prix planchers (ou prix minimum) – la réforme de la PAC de 1992 en étant l’acmé – les observateurs attentifs des politiques agricoles à l’oeuvre à l’extérieur de l’Union européenne se rappellent que, dans d’autres contrées, le sujet des prix agricoles, jusqu’à celui des prix garantis, n’est pas tombé dans les oubliettes des politiques publiques. Les Etats-Unis en constituent un exemple des plus marquants.
Le commerce extérieur français de produits biologiques
En 2022, l’UE a importé 2,7 millions de tonnes de produits biologiques, c’est 5,1% de moins que l’année précédente. Cette baisse des importa-tions s’explique principalement par la réduction de la demande due à la hausse des prix. La France est le troisième pays importateur de pro-duits biologiques avec environ 300 000 tonnes importées en 2022. Devant elle, les Pays Bas, (un million de tonnes) et l’Allemagne (près de 500 000 de tonnes) qui représentent à eux deux plus de 53% des importations biologiques européennes1. Depuis 2015, l’approvisionne-ment national en produits biologiques recule. Les importations ont at-teint 30% en 2022, portant les achats à 2,4 milliards d’euros en valeur. En parallèle, les exportations, sont en hausse de 18% entre 2020 et 2022, se fixant à un milliard d’euros.