• mars 10, 2025
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Bovins allaitants : Quelle stratégie adopter pour optimiser le pâturage ?

Bovins allaitants : Quelle stratégie adopter pour optimiser  le pâturage ?

L’herbe est une ressource essentielle pour les élevages bovins allaitants. Riche en nutriments et économique, elle constitue la base de l’alimentation des animaux tout en favorisant leur bien-être. Il existe différents types de pâturage.

Bien exploitée, elle permet de réduire les coûts d’alimentation, d’améliorer la qualité des produits et de préserver l’environnement. Cependant, sa gestion demande une réflexion stratégique afin d’optimiser son utilisation tout au long de l’année. Plusieurs modes de pâturage existent, chacun ayant ses atouts et contraintes. Décryptage des principales pratiques.

Le pâturage continu : simplicité et autonomie

Le pâturage continu est le mode le plus souple d’utilisation. Les animaux ont accès à une seule parcelle sur une longue période, ce qui diminue fortement le temps de travail de l’éleveur. Toutefois, cette méthode présente des limites avec un fort risque de surpâturage sur certaines zones de la parcelle, un gaspillage excessif et, par conséquence, une repousse hétérogène de l’herbe, impactant négativement la productivité des prairies.

Le pâturage tournant : optimiser la production d’herbe simplement

Avec le pâturage tournant, les animaux changent régulièrement de parcelle (toutes les semaines), favorisant la repousse et l’optimisation des ressources fourragères. Bien que demandant une gestion rigoureuse et des infrastructures adaptées, cette technique améliore le rendement et la qualité de l’herbe.

Le pâturage dynamique : maximiser la production des parcelles 

Cette version avancée du pâturage tournant impose des déplacements très fréquents (quotidiens ou biquotidiens) des animaux. L’objectif ? Exploiter au maximum le potentiel de l’herbe tout en limitant les pertes. Cette approche requiert cependant un suivi attentif et un aménagement adapté.

Le pâturage au fil : gestion fine et réduction du gaspillage 

Le pâturage au fil, avec un fil avant (ou avec fil avant et fil arrière), permet de contrôler strictement la consommation d’herbe. Cette méthode limite le gaspillage et améliore la répartition des déjections animales. Cependant, elle implique des manipulations fréquentes et un investissement en matériel mobile.

Le pâturage différé et la fauche-pâture : valoriser l’herbe tardive 

Le pâturage différé consiste à réserver certaines parcelles pour une exploitation tardive, idéal pour sécuriser l’alimentation estivale en acceptant de fournir aux animaux une herbe de faible valeur et encombrante. Cette technique est adaptée pour des animaux à faibles besoins comme des génisses en vêlage 36 mois voire des vaches taries. De son côté, la fauche-pâture combine fauche et pâturage successif, optimisant l’utilisation des prairies.

Déprimage des prairies de fauche : stimuler la productivité

Le déprimage consiste à faire pâturer les jeunes pousses au printemps avant une fauche ultérieure. Cette technique stimule la repousse et améliore la qualité du fourrage récolté, mais elle nécessite un suivi précis des conditions météorologiques et de la croissance de l’herbe.
Pâturage en sous-bois et sur dérobées : des alternatives intéressantes
Le pâturage en sous-bois valorise des zones difficilement exploitables tout en offrant une protection contre les aléas climatiques. En parallèle, le pâturage sur cultures dérobées (sorgho, colza fourrager, méteil, …) constitue une solution efficace pour diversifier l’alimentation et améliorer l’autonomie fourragère.

Anticiper la date de mise à l’herbe

La réussite du pâturage repose en grande partie sur la date de mise à l’herbe. Celle-ci varie selon les conditions climatiques et la pousse de l’herbe, mais elle intervient généralement entre mars et avril. Une mise à l’herbe trop précoce expose les animaux à une herbe encore trop fragile et à des conditions météorologiques instables. À l’inverse, un retard peut engendrer une perte de qualité de l’herbe et un étouffement des repousses.
Le choix du moment idéal dépend du stade de développement des prairies, qui doivent avoir atteint un couvert d’environ 10-12 cm pour garantir un bon démarrage. De plus, la somme des températures cumulées depuis le 1er février est un très bon indicateur et il convient de sortir entre 250 et 350 °C au regard de la hauteur d’herbe dans les parcelles. Une transition progressive avec une augmentation progressive du temps de pâturage permet d’éviter des troubles digestifs et d’assurer une adaptation optimale des animaux.

Gestion de l’eau d’abreuvement selon les techniques de pâturage 

L’accès à l’eau est un élément clé du pâturage, sa gestion varie en fonction des techniques utilisées :

  • Pâturage continu : L’eau est généralement disponible en permanence via des points d’abreuvement fixes, ce qui simplifie la gestion.
  • Pâturage tournant et dynamique : Nécessite des points d’eau accessibles sur chaque parcelle ou des systèmes mobiles (abreuvoirs déplacés avec les animaux), ce qui demande un suivi et une logistique plus importante.
  • Pâturage au fil : Contraignant en matière d’abreuvement, car les animaux avancent progressivement sur la parcelle. Des abreuvoirs mobiles ou un réseau de canalisations sont souvent nécessaires.
  • Pâturage différé et fauche-pâture : L’eau doit être anticipée, notamment pour les parcelles éloignées, avec des citernes ou des solutions de pompage.
  • Pâturage en sous-bois : L’accès à l’eau peut être un défi, nécessitant parfois des aménagements spécifiques pour assurer une hydratation suffisante.

Une combinaison adaptée à chaque élevage

Le choix du mode de pâturage dépend de nombreux facteurs : surface disponible, climat, objectifs de production et moyens humains et matériels. Souvent, la combinaison de plusieurs systèmes permet d’optimiser la rentabilité et de garantir une alimentation de qualité aux bovins allaitants. Une réflexion essentielle sur laquelle vous pouvez vous faire conseiller afin de concilier performances économiques et durabilité de votre système.

Yannick VERDIER, Technicien troupeau 06 87 78 38 44
Laura gauzin, Conseillère bovin viande 06 25 76 26 27
Guillaume Loustau, Chargé de Mission Bovins Viande 07 86 63 96 33