- novembre 27, 2025
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Congrès FDSEA : préparer la future PAC et mieux gérer les crises sanitaires
Réunis en congrès le 21 novembre à Gramat, les adhérents de la FDSEA ont débattu sur les grands dossiers agricoles du moment. La future PAC 2027 fait l’objet de craintes suite aux premières propositions de Bruxelles. Les éleveurs souhaitent par ailleurs un meilleur accompagnement face aux crises sanitaires qui touchent leurs animaux.
Les coprésidents de la FDSEA, Christophe Bonnet et Frédéric Deilhes ont accueilli les participants en rappelant la mobilisation syndicale exceptionnelle de ces dernières années. 2024 restera gravée dans les mémoires du réseau et du pays tant le monde agricole a exprimé son désarroi avec une ampleur inédite. Malgré les atermoiements politiques, la Fnsea et les Ja ont réussi à être entendus par les parlementaires qui ont finalement voté une nouvelle loi (loi Duplomb) reprenant de nombreuses revendications syndicales, et malgré la crispation sur le seul point de l’acétamipride qui ne concerne pas notre département. Ils se félicitent que l’unité et le collectif aient une fois encore démontré leur force malgré un contexte particulièrement clivant et décousu. Ils remerciaient également les agriculteurs Lotois pour leur vote aux élections Chambre d’agriculture de janvier 2025, vote maintenant une large confiance à l’équipe en place.
Tour d’horizon des filières
La matinée était consacrée à un bilan de situation des différentes filières de production, bilan présenté par les responsables syndicaux. Les productions végétales connaissent aujourd’hui les plus grandes difficultés, particulièrement la viticulture et la nuciculture qui subissent la double peine de sinistres climatiques graves et de marchés atones avec des prix trop bas. L’arrachage de 750 ha de vigne sur le Lot montre l’ampleur du problème au moment où les responsables viticoles nationaux demandent déjà un second plan national d’arrachage pour l’an prochain ! Quant aux noyers, beaucoup de vergers sont désormais laissés à l’abandon et de nombreux arbres sont en souffrance. Si la récolte 2025 est moindre que prévue avec de petits calibres, les prix sont malheureusement annoncés à la baisse ! La Fdsea s’est fortement mobilisée pour obtenir des soutiens et aides publiques au bénéfice de ces sinistrés. Au niveau des grandes cultures, les rendements 2025 sont moyens mais les prix des marchés au plus bas. Les producteurs sont très inquiets du projet de nouvelle taxe MACF sur le coût carbone des engrais.
Côté élevage, la situation des marchés est heureusement meilleure avec une forte hausse des prix depuis début 2025 aussi bien en bovin qu’en ovin. Le point de crispation concerne les crises sanitaires. Le syndicalisme s’est beaucoup mobilisé pour obtenir des fonds d’urgence et autres soutiens adaptés aussi bien pour la FCO que pour la MHE. Des indemnisations ont été obtenues même si la Fdsea conteste certains critères d’éligibilité. Elle réclame surtout une stratégie d’intervention plus cohérente et anticipatrice pour mieux traiter ces crises. Enfin, localement, l’abattoir de Saint-Céré inquiète beaucoup les éleveurs. La préfecture a décidé de l’arrêter plusieurs semaines pour cause de dysfonctionnements récurrents. Cauvaldor tente de résoudre ces problèmes avec l’appui de la Chambre d’agriculture car cet outil reste indispensable à la production locale, notamment pour l’approvisionnement des circuits courts. Christophe Bonnet remerciait le président de la Chambre, Stéphane Pons, qui s’investit énormément dans ce dossier.
Mobilisation syndicale
Le syndicat est aussi resté très mobilisé sur tous les dossiers impactant l’agriculture Lotoise. C’est le cas de l’irrigation avec la demande de facilitation des créations de retenues d’eau. C’est également le forcing pour faire abandonner l’augmentation de la taxe sur le GNR, ainsi que la hausse des redevances sur les prélèvements d’eau et pour pollution diffuse. Une mobilisation qui a payée a souligné Thierry Noireau. La Fnsea a aussi obtenu, entre autres, le maintien du TODE pour les employeurs de main d’œuvre (exonération des charges jusqu’à 1,25 SMIC et maintien de l’agriculture dans les métiers en tension), le renforcement du Crédit d’impôt remplacement (passage de 14 à 17 jours) ou l’harmonisation des seuils d’évaluation environnementaux pour les volailles, porcs et bovins. La nouvelle loi Duplomb permet ainsi de simplifier l’exercice du métier. Autant d’avancées qui ont nécessité la mobilisation de tout le réseau syndical dans un contexte souvent tendu. Le dernier dossier est bien entendu celui de l’accord de libre-échange « MERCOSUR » entre l’Union Européenne et les Etats d’Amérique du sud. Les éleveurs se sentent encore une fois floués, servant de monnaie d’échange, avec la forte augmentation des quotas d’importations des viandes Américaines en Europe. Christophe Bonnet et Frédéric Deilhes réaffirmaient leur opposition à cet accord Mercosur « comment peut-on accepter l’importation de viandes produites dans des conditions sanitaires et environnementales interdites en Europe, mettant en péril la santé de nos consommateurs et l’environnement de la planète ! ».
Craintes sur la future PAC
La présidente de la Fdsea de l’Aveyron, Marie Amélie Viargues, invitée au congrès, expliquait les craintes sur le projet de future PAC 2027. La commission Européenne prévoit en effet une baisse de 20 % du budget global, la suppression des deux piliers actuels de la PAC, et davantage d’autonomie des Etats membres pour l’appliquer. Ainsi, les BCAE seraient allégées mais complétées par de nouvelles pratiques nationales. Les paiements de base seraient également remplacés par un paiement dégressif à l’exploitation, une aide directe au revenu. Marie Amélie Viargues critiquait vigoureusement cette renationalisation de la PAC qui va mettre les pays Européens encore plus en concurrence avec les distorsions que l’on connait. Elle soulignait que l’Occitanie, première région agricole de France, et possédant déjà le plus faible revenu par exploitation, risquait de perdre gros dans ce changement de règles. Elle souhaitait que le syndicalisme défende un maximum de couplage dans le calcul des aides afin de les lier à la production qui doit rester la vocation première de l’agriculture. Seul point positif, les aides ICHN seraient sanctuarisées avec le maintien du zonage, des mesures et des montants actuels. Alors, concernant ce projet de PAC 2027, au moment où on assiste à un important recul de toutes nos productions agricoles compromettant notre souveraineté alimentaire, la profession ne comprend pas ce manque d’ambition des responsables Européens !
Crises sanitaires
La Fdsea avait également invité Jean Philippe Viguié, président de la Chambre d’agriculture du Tarn et Garonne et vice-président de GDS France, pour faire le point sur la lutte contre les épidémies. Il revenait largement sur la DNC (dermatose nodulaire contagieuse) qui s’avère très agressive sur les bovins, pouvant occasionner de gros dégâts sur les troupeaux. C’est une maladie vectorielle transmise par des petites mouches localement, c’est-à-dire dans un périmètre restreint. Le principal problème est donc le mouvement des animaux qui peut disséminer la maladie. Etant à évolution lente, celle-ci peut incuber de un à deux mois sans symptômes apparents, ce qui rend difficile l’identification des animaux malades. S’ils sont véhiculés ailleurs pendant cette période, ils peuvent alors contaminer d’autres cheptels. C’est la raison pour laquelle l’abattage total du troupeau est préconisé. L’arrêt de l’épidémie exige par conséquent le strict respect de cette règle ingrate et dure à assumer pour l’éleveur concerné. Jean Philippe Viguié saluait la discipline et la responsabilité des éleveurs touchés qui ont respecté cet abattage total de leurs troupeaux. Contrairement à d’autres syndicats, les Fdsea ont assumé cette responsabilité en soutenant moralement les éleveurs touchés et en leur apportant de l’aide matérielle.
Fréderic Deilhes concluait l’assemblée en saluant ce courage et en soulignant que la Fdsea est force de proposition y compris sur les dossiers difficiles. Il appelait tous les adhérents à se mobiliser pour monter à Bruxelles le 18 décembre afin d’infléchir les orientations de la future PAC.

