• février 21, 2024
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Semences : un bon bilan mais fragile

Semences : un bon bilan mais fragile

L’interprofession des semences (Semae) a tiré mi-février un bon bilan de l’année 2023. Cependant celui-ci reste fragile. Car à l’image des nombreux autres pans de la profession agricole, les semenciers entendent conserver leurs capacités de production dans l’objectif de répondre aux nombreux défis de la filière : climat, transition agroécologique, renouvellement des générations, exportations…

 

La France reste le premier pays producteur de semences agricoles de l’Union européenne et aussi le premier exportateur mondial des semences végétales et le deuxième toutes semences confondues avec un excédent d’1,2 milliard d’euros (Md€) pour un chiffre d’affaires global de 3,9 Md€ (lire encadré).  En termes de débouchés, c’est l’Union européenne qui domine le marché, avec presque 82 % (81,9 %) des ventes. Les entreprises gagnent des parts de marché au Proche et Moyen-Orient, « notamment en Turquie » et il existe « un fort potentiel de développement en Afrique », a expliqué Pierre Pagès, président de l’interprofession de Semae. Pour conserver ses positions et garantir la souveraineté alimentaire de la France, l’interprofession doit s’appuyer un réseau puissant. Si elle peut compter sur près de 17 000 agriculteurs-multiplicateurs, elle s’inquiète de leur nombre sans cesses décroissant. En effet, ils étaient plus de 25 000 au début des années 2000 avant de passer sous la barre des 20 000 en 2005. En 2019, ils étaient encore 18 285. Sans la montrer officiellement du doigt, Semae pointe les difficultés des agriculteurs-multiplicateurs à se rémunérer en raison des contraintes législatives, techniques et réglementaires liées à l’exercice de leur profession.

 

NGT/NBT 

« Les contraintes sur nos moyens de production sont importantes », a expliqué Pierre Pagès. « Beaucoup de matières actives ne sont plus disponibles, ce qui pèse sur les rendements, la qualité et qui nécessite de s’adapter dans nos pratiques », a renchéri Laurent Bourdil, président de la commission communication transversale de Semae. A cela s’ajoute le problème de la disponibilité et de l’accès à l’eau. « C’est un enjeu crucial pour la production de semences », a-t-il ajouté car en cas d’impasses techniques, « si l’agriculteur sort du réseau, il ne revient pas tout de suite », a-t-il ajouté. L’avenir sera-t-il aux NBT/NGT* ? C’est en tout cas le premier levier sur lequel Semae a donné la priorité pour l’année 2024 : l’innovation et la recherche. La filière semences consacre bon an mal an plus de 10 % de son chiffre d’affaires dans ce domaine (400 M€ en 2023). « Nous sommes en attente d’un cadre réglementaire clair en ce qui concerne les NGT de catégorie 1 (NGT-1) afin de donner les moyens aux entreprises françaises et européennes d’accéder à ces technologies », a indiqué le président de Semae. « Il n’est pas sûr qu’en 2024 ou 2025 nous ayons des variétés NGT qui soient résistantes à la sécheresse », a-t-il précisé. Pierre Pagès y voit l’un des moyens de préserver la souveraineté semencière de la France. « Car il y aura toujours des semences en France. Mais à terme, elles ne seront pas forcément produites en France ou en Europe », a-t-il conclu. 

(*) New Breeding technologies / New genomic techniques ce que l’on peut traduire en français par nouvelles techniques d’amélioration des plantes, par le biais de la technique du « ciseau Crispr-Cas9 ». 

 

Les chiffres clés de la filière française 

–    253 entreprises de production 

–    69 entreprises de sélection 

–    5592 entreprises de distribution 

–    11 000 emplois dans les entreprises de sélection et production de semences 

–    16 864 agriculteurs-multiplicateurs 

–    372 355 ha de surfaces dédiées à la multiplication de semences. 

–    389 000 agriculteurs utilisateurs de semences 

–    16,5 millions de jardiniers amateurs utilisateurs de semences en France. 

–    3,9 Md€ de CA et 1,2 Md€ d’excédent commercial

Christophe Soulard