- septembre 11, 2023
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Innov’action 2023 : Cultiver du maïs en semis-direct, c’est possible partout !
La Chambre d’agriculture a organisé le 25 juillet une journée innov’action sur le thème du semis direct du maïs et de l’agriculture de conservation des sols, pour montrer que cette pratique est réalisable partout et permet de maintenir les rendements grâce à un sol vivant mieux structuré.
L’agriculture de conservation des sols gagne du terrain et apparaît aujourd’hui comme une solution intéressante aux problèmes de changement climatique, d’érosion des sols, de séquestration du carbone et de préservation de la biodiversité. Face à la hausse des coûts des intrants (carburants, engrais…) elle offre l’opportunité de baisser les charges et de limiter également les besoins en eau d’irrigation. C’était l’objectif de cette journée innov’action organisée à Girac, en vallée de la Dordogne, par Fabien Bouchet-Lannat, le conseiller de la Chambre d’agriculture, sur l’exploitation d’Olivier et Philippe Puyjalon. Les agriculteurs et les techniciens de plusieurs structures étaient venus observer les résultats concrets de cette pratique.
Changement de pratique
Ils sont éleveurs laitiers au Gaec de Ringuette avec 55 vaches en production pour 500 000 litres de lait livré par an. Une ferme familiale traditionnelle où le maïs était cultivé depuis toujours avec labour du sol puis préparation fine avant semis. Les frères Puyjalon s’interrogeaient sur cette façon de travailler « nous souhaitions améliorer la capacité régénératrice de nos sols et produire avec moins de charges. Nous cultivons 25 ha de maïs, dont la moitié irrigué, et avons expérimenté le semis direct. Nous avons arrêté de travailler nos sols pour les cultures d’hiver et sommes passés au semis direct pour implanter nos céréales et couverts végétaux. Nos sols sont ainsi intégralement couverts en interculture. C’est une technique assez bien maîtrisée pour les cultures d’hiver, mais nous étions anxieux pour réussir le maïs ensilage… »
Maïs ensilage
En 2021, ils se lancent dans le semis direct de maïs au strip-till sur d’anciennes prairies au sol déjà bien structuré. Les résultats furent très concluants et en 2022, lors de la sécheresse, ils constatent que le maïs a mieux résisté sur cette parcelle que sur labour. Ils décident alors de tenter la pratique sur terres labourées depuis longtemps et commencent par fissurer le sol en passant le Combiplow. En effet, le labour répété génère souvent une semelle qui empêche les racines des plantes de descendre en profondeur pour y exploiter les ressources hydriques et minérales. Ils témoignent « cette année, nous avons fait appel à un entrepreneur, M Boissières, qui est venu semer le maïs avec un semoir équipé du « Précision Planting » dans l’objectif d’obtenir une germination et une levée rapide. Car tout se joue au démarrage et il faut que la plante parte très vite pour éviter les ravageurs et bien enraciner… ». Semis réussi qui donne aujourd’hui un maïs comparable à celui planté sur labour.
Economies
Olivier Puyjalon souligne l’intérêt de cette démarche « cette pratique nous permet d’économiser du temps, du carburant, de l’usure de matériel, mais aussi de l’eau d’irrigation car la plante est en meilleure position pour exploiter la ressource en profondeur. Seul le désherbage en interculture est un peu délicat car il est pointu. Il faut tester différentes solutions, apprendre à faire des couverts végétaux et comprendre les adventices pour trouver la bonne solution. Il ne faut pas s’arrêter aux échecs mais persévérer… ». Ces parcelles en semis direct sont équipées de sondes tensiométriques suivies par la Chambre d’agriculture, qui détectent l’humidité du sol et montrent que le sol sèche moins vite. Pour preuve, le maïs reste vert plus longtemps comme cela a été observé l’été dernier. Fabien Bouchet-Lannat souligne « Pour réussir le semis direct en culture d’été, il faut recréer la structure naturelle du sol que l’on rencontre par exemple sous les prairies ou les forêts. Sur les parcelles labourées, une phase de transition plus ou moins longue est nécessaire, et passe parla couverture du sol en interculture, la restitution d’un maximum de matière organique des pailles, fumiers, couverts végétaux, et la fissuration pour casser la semelle de labour. Les vers de terre, champignons et autres organismes vivants feront le reste en quelques années. Le désherbage au S-Métholachlore n’est pas utile et gênerait l’implantation des méteils et couverts… »