• mai 3, 2024
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Producteurs de noix : Les prix remontent mais restent insuffisants

Producteurs de noix : Les prix remontent mais restent insuffisants

A l’issue de la période de commercialisation de la récolte 2023, les nuciculteurs notent une légère remontée des prix mais ceux-ci restent insuffisants pour couvrir les coûts de production. 

 

Après une saison 2022 catastrophique qui avait connu l’effondrement des cours et de la demande du marché, la saison de commercialisation 2023/2024 s’achève avec une légère reprise des prix. Les lots de noix bien calibrés et bien triés ont été vendus autour de 2 € le kilo, parfois davantage, les autres de moins bonne qualité sont partis en dessous de ce prix, autour de 1,80 € le kilo. Si ces chiffres marquent une légère hausse par rapport à la situation catastrophique de l’année précédente, ils demeurent cependant bien en dessous des coûts réels de production évalués autour de 2,60 à 2,80 € le kilo.

 

Benoît Labroue est producteur à Gignac et élu à la Chambre d’agriculture

Récolte hétérogène 

Benoît Labroue est producteur à Gignac où il cultive 15 hectares de noyers et élève 200 brebis BMC. Elu à la Chambre d’agriculture où il suit plus particulièrement la production de noix, il donne son sentiment sur la situation « sur notre zone de causse, nous avons eu une récolte 2023 quasiment normale et relativement saine sur le plan sanitaire. Nous n’avons pas souffert des attaques de maladies comme les vergers des vallées qui ont été sévèrement touchés par la bactériose et l’anthracnose. Pour ces zones, compte tenu de l’état végétatif très dégradé des noyers en fin d’été, on peut être inquiet sur la reprise des arbres et leur fructification 2024… ». La récolte 2023 a donc été très hétérogène selon les régions, avec un volume global de noix très en retrait par rapport à 2022 et des niveaux de qualité parfois dégradés. Cette petite récolte a provoqué un sursaut du marché comme le précise Benoît Labroue « contrairement à la saison précédente, on a constaté une demande du marché, et ce malgré l’écoulement des stocks de 2022 encore présents sur certaines exploitations. Il faut dire que l’Isère a également connu une mauvaise récolte. Cette situation a amené les cours à se redresser. Mais on est encore loin des prix qui couvriraient nos coûts de revient…»

 

Trésoreries asséchées 

Les conséquences de la crise débutée en 2022 sont encore bien présentes avec de gros déficits de trésoreries sur les exploitations principalement orientées sur la production de noix. Benoît Labroue souligne « les producteurs spécialisés sont en situation très délicate avec des trésoreries asséchées et l’impossibilité de réaliser les investissements nécessaires à l’entretien correct de leurs noyeraies. Malheureusement, l’aide apportée via le plan de soutien de l’Etat est arrivée bien tard et a été mal calibrée, elle n’a pas atteint son objectif. Ce plan d’urgence n’a donc rien résolu et les exploitations les plus fragiles sont en situation critique…». Face à cette crise qui n’en finit pas, les nuciculteurs ont pris conscience de la nécessité de s’unir pour se défendre d’une même voix au niveau national « nous avons constitué cet hiver l’association des producteurs de noix du sud-ouest et nous nous regroupons avec celle du sud-est pour porter la voix unique des producteurs Français. La crise nous a montré que c’était indispensable pour être entendu et compris au niveau des pouvoirs publics car nous ne représentons qu’une petite filière de niche. Il faut maintenant passer à l’action et obtenir des moyens pour un plan de promotion de notre noix afin de la démarquer tant sur le plan de l’origine que de la qualité. Nous devons faire pression sur les revendeurs pour qu’ils jouent le jeu de la noix Française et affichent des prix abordables en magasin… ».